Après le quiet quitting, dont nous vous parlions il n’y pas si longtemps, place au « loud quitting » ! Si le premier consiste à faire le strict minimum au boulot pour se désengager progressivement de son poste, le second fait appel à vos talents de « drama queen ». Il consiste, en effet, à exprimer haut et fort votre mécontentement tout en menaçant de démissionner. Le but étant, bien entendu, que les choses changent du côté de votre employeur. Alors, énième tendance du « quitting » à la sauce TikTok ou véritable opportunité de faire bouger ce qui ne vous convient plus dans votre travail ? Nous avons passé au crible ce nouveau concept pour vous. Une chose est certaine, vous pourriez tirer des bénéfices à jouer cartes sur table. Attention, toutefois, à ne pas vous brûler les ailes !
Le loud quitting : une énième tendance ?
Votre employeur vous demande de terminer un dossier urgemment un vendredi soir à 19h00 ? Vous travaillez depuis 3 ans dans la même entreprise sans avoir jamais été augmenté ? Vous êtes épuisé et votre employeur fait l’autruche ? C’est peut-être le moment de sortir la carte du « loud quitting ». Mais que penser de cette énième tendance du « quitting » ? Nous vous donnons toutes les clés pour comprendre.
Les tendances évoluent au gré des transformations du monde du travail
Pandémie, inflation, crise et maintenant réforme des retraites. En l’espace de deux ans, le monde du travail s’est vu malmené et, avec lui, les salariés. Rien d’étonnant, dans ce cas, à voir apparaître des quêtes de sens ou à voir s’enflammer les démissions. Ainsi, selon une étude réalisée en décembre 2021 par l’école de commerce Audencia et la plateforme « Jobs that make sense », 92 % des salariés étaient en quête de sens. Certaines entreprises ont donc sorti « l’artillerie lourde » en s’armant de baby-foot, de salles de sport ou autres joyeusetés sensées enfin apporter du bien-être au travail. Pourtant, cela ne suffit pas et loin s’en faut. Il faudra, sans doute, beaucoup plus aujourd’hui pour vaincre ce mal qui sévit dans les bureaux.
Et, cependant, 6 Français sur 10 regrettent d’avoir changé d’entreprise pendant la pandémie. En octobre 2022, dans notre article Comment faire le deuil de son ancien emploi et ne rien regretter ?, nous vous parlions justement de ces chiffres étonnants issus de l’étude de Morning Consult. Pour 25 % des personnes interrogées, ce sont leurs anciennes missions qui leur manquent maintenant. Dès lors, la quête de sens et/ou l’envie de démissionner viennent d’ailleurs. Et les tendances telles que le « quiet quitting » ou le « loud quitting » viennent le prouver. Les collaborateurs questionnement actuellement les façons de travailler en repensant leur rapport au travail.
Si le « quiet quitting » était centré sur l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, le « loud quitting » est davantage lié aux intérêts individuels. Ou de l’art de revendiquer ses droits en tant que salarié… Dès lors, difficile de considérer ces tendances comme de vagues modes. Elles sont au contraire révélatrices des évolutions du monde du travail, chahuté de toutes parts ces dernières années.
Qu’est-ce que le loud quitting ?
Le « loud quitting » a, encore une fois, fait son apparition sur les réseaux sociaux en ce début d’année 2023, et plus particulièrement sur TikTok. Mais, alors, de quoi s’agit-il exactement ? On pourrait le traduire par « départ bruyant ». Pourtant, il n’est pas question de réel départ. En effet, l’idée principale de ce concept est de se faire entendre et d’exprimer vos griefs à votre direction, à coup de poing sur la table s’il le faut. Contrairement au « quiet quitting » qui se faisait dans le silence, l’honnêteté est, ici, de mise.
Exemple : Michelle de la compta est salariée dans l’entreprise depuis 5 ans. Elle a fait une formation sur son temps de travail il y a deux ans afin d’ajouter de nouvelles cordes à son arc. Depuis, elle a pu mettre en place un logiciel de paie plus efficace et n’hésite pas à aller discuter des besoins avec les différents corps de métier, mais aussi avec les clients. Les autres salariés et la direction ne tarissent pas d’éloges à ce sujet.
Oui, mais voilà, les éloges ne font pas tout et, même si elles boostent l’égo et la motivation sur le moment, elles ne suffisent pas. Michelle avait pourtant bien indiqué, au départ, que son but était d’obtenir une promotion. Depuis, elle en a reparlé à son employeur et celui-ci s’est contenté de lui demander d’être patiente. Cela fait plus de deux ans et, lors de son entretien annuel, on lui redit la même chose. Trop c’est trop ! Michelle débarque dans le bureau de son directeur en réclamant son dû et en s’exclamant : « De toute façon, c’est ça ou je démissionne. J’ai eu une proposition de la part d’un de vos concurrents et je compte bien l’accepter. »
Vous commencez à comprendre le concept ? Il s’agit d’exprimer son mécontentement avec force conviction pour obtenir quelque chose en retour. La menace de quitter la société vient, ensuite, clôturer la tactique. Une technique qui présente des avantages à condition de savoir la manier et, surtout, que toutes les conditions soient réunies.
Les bonnes pratiques d’un loud quitting réussi
Vous êtes tenté par le « loud quitting » ? Pourquoi pas, après tout ! Le concept a le mérite de se baser sur la transparence. Dans un monde du travail où tout évolue très vite, pourquoi ne pas réclamer plutôt que de partir sans autre forme de procès ? Attention, toutefois, ce coup de poker peut également vite se retourner contre vous et vous pousser à la démission sans rien pour rebondir. Nous vous donnons tous les conseils de ceux qui réussissent.
Bien appréhender les enjeux d’une telle démarche
Une telle démarche ne s’entreprend pas à la légère. Évitez, donc d’agir, sous le coup d’une impulsion quelconque, galvanisée par les vidéos TikTok que vous avez binge watché toute la soirée. Prenez du recul sur la situation, calmez votre colère si vous en ressentez et examinez bien ce qu’une telle démarche implique. Est-elle adaptée au contexte de votre entreprise ? Votre employeur sera-t-il ouvert à ce type de discussion ou vous laissera-t-il partir sans aucun regret, vexé de votre approche ?
De fait, ce sont des éléments à prendre en compte avant de vous lancer. Si vous n’avez rien à perdre, vous pouvez jouer le tout pour le tout. Néanmoins, prenez conscience que toutes les entreprises ne sont pas prêtes à négocier. De même, méfiez-vous. Une demande que vous considérez comme légitime ne le sera peut-être pas pour votre direction. Celle-ci pourrait, alors, rapidement vous faire regagner vos pénates et réduire en poussière la relation de confiance que vous aviez mise tant de temps à bâtir. Loin de nous l’idée de vous décourager. Toutefois, vous devez peser le pour et le contre avant toute action malencontreuse.
Préparer ses arguments
Le « loud quitting » consiste finalement en une négociation. Pour entreprendre une discussion de ce type, vous devez donc être bien armé. Les arguments que vous allez avancer doivent être étayés par de nombreux exemples. Appuyez-vous sur vos compétences et sur ce que vous avez apporté à votre entreprise depuis votre arrivée. Ne forcez pas le trait : soyez clair, concis et factuel. Évitez également les reproches à chaque exemple. Vous êtes dans une négociation, pas sur un ring de boxe.
Gardez une chose en tête : vous êtes là pour obtenir quelque chose, pas pour régler vos comptes ou pour griller votre carrière. Vous n’êtes pas la reine ou le roi de la négoce ? Vous avez de la chance, cela s’apprend. Et, la bonne nouvelle, c’est que ces formations vous seront utiles à différents moments de votre existence. En voici quelques-unes : Convaincre et s’imposer en négociation, Gérer la diversité des situations de négociation en environnement professionnel, Mettre en œuvre une stratégie de négociation gagnant gagnant. La dernière est, par ailleurs, particulièrement intéressante. De fait, chacun de vous doit sortir gagnant de cette discussion. Certes, vous avez sans doute l’impression d’avoir déjà trop donné, mais cette technique a l’avantage d’ouvrir le dialogue et d’apporter des éléments de réflexion supplémentaires à votre interlocuteur.
Être bruyant OK… mais pas trop
Vous voilà remonté à bloc, prêt à en découdre. Encore, une fois, la prudence est votre alliée. N’oubliez pas que votre employeur a, lui aussi, ses préoccupations. Vous ne pouvez pas débarquer dans son bureau et vous mettre à hurler pour obtenir ce que vous voulez. Déjà parce que ce comportement et tout sauf celui d’une personne adulte et responsable. Et, ensuite, parce que ce n’est pas comme ça que vous obtiendrez ce que vous voulez.
Donc maîtrisez vos ardeurs et vos talents de drama queen. Non, le « loud quitting » n’autorise pas tout. Rappelez-vous : c’est juste une expression qui qualifie la revendication de vos droits en tant que travailleur, dans le respect de chacune des parties. Ainsi, nous vous invitons fortement à prendre rendez-vous et à donner un intitulé clair à votre demande. Votre interlocuteur sera, alors, plus à même de le décaler à un moment plus opportun pour lui. En revanche, s’il repousse sans cesse l’échéance, vous aurez tous les droits d’entrer à l’improviste dans son bureau.
Exposer ses griefs uniquement à son employeur : la base du loud quitting
Vos griefs, vos collègues les entendent à longueur de journée. Vous ne vous gênez d’ailleurs pas pour les exprimer à votre manager à la moindre occasion. Voilà un comportement qui risque bien de faire se détourner de vous de nombreuses personnes. Vous êtes mécontent, OK, vous en avez tout à fait le droit, mais ce n’est pas une raison pour instaurer une mauvaise ambiance de travail. Cela pourrait, par ailleurs, arriver aux oreilles de votre direction bien avant que vous ne lui en fassiez part. Une erreur qui pourrait fortement jouer en votre défaveur.
Évitez donc d’étaler vos problèmes à la terre entière. Parlez-en uniquement à votre employeur ‘et aux personnes concernées, le cas échéant. Une scène en plein open space ou au détour d’un couloir sera, là encore, un acte très maladroit de votre part. Votre crédibilité pourrait bien en prendre un coup et il ne vous resterait plus, alors, qu’à remballer vos affaires.
Apprendre à bluffer
Vous ne jouez pas au poker ? C’est peut-être le moment de vous y mettre. En effet, si aucune entreprise ne vous a débauché, vous allez devoir manier l’art du bluff. Cela nécessite une certaine confiance en vous, mais aussi, un vrai jeu d’acteur. N’oubliez pas : vous risquez gros donc, quoiqu’il arrive, nous ne vous conseillons pas de mentir. Ou, alors, faites-le bien ! Et, pour cela, pas de formation. De notre côté, nous sommes plutôt partisans de l’honnêteté en toute occasion, donc nous ne saurions vous aider en la matière.
En conclusion : managers et dirigeants, préparez-vous au « loud quitting » !
La génération Z est bien là et, avec elle, vous risquez plus d’une fois de voir un collaborateur exprimer son mécontentement. Le « loud quitting » devrait donc être bien plus qu’une tendance. Pourtant, dites-vous que, bien employé, il s’agit d’un signe de confiance. La personne ne cherche pas réellement à partir. Autrement, elle ne tenterait pas la négociation.
Et si c’était le moment de revoir votre stratégie RH ? Pour éviter les situations de crise, la meilleure solution reste, en effet, de laisser la porte de votre bureau ouverte, de vous installer sur l’open space et même d’inviter vos collaborateurs à communiquer sur ce qui lui convient ou non. Vous ne vous sentez pas armé pour faire face à ces situations ? Là encore, la formation reste la meilleure solution. Par exemple :
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