6 Français sur 10 regrettent d’avoir changé d’entreprise pendant la pandémie. Un chiffre qui soulève la question de la gestion du deuil dans un emploi. Car, oui, une fin de contrat (même si vous l’avez choisie) peut avoir des airs de rupture amoureuse. Il n’est pas toujours facile de tourner la page. En particulier lorsque la décision a été prise au cours d’une crise qui a bouleversé nos vies, nous poussant à de nombreuses remises en question. Alors, finalement, comment faire pour ne pas regretter ? Faut-il avancer ou revenir en arrière ? Nous vous aidons à faire le point pour mieux vivre ce changement.
Les Français ont du mal à faire le deuil leur ancien emploi
La pandémie a poussé plusieurs personnes à s’interroger sur leur vie professionnelle. Quête du bonheur, recherche de sens, envie d’ailleurs : les raisons sont nombreuses. En pleine crise, les souhaits de reconversion ont fleuri au point de créer l’étonnement des entreprises qui ont dû se renouveler pour fidéliser leurs salariés. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Indécis les Français ? Quand l’envie de démission nous tient.
Ils étaient 49 % à envisager, à effectuer ou à avoir déjà réalisé leur reconversion professionnelle en juin 2021. Un chiffre révélateur, mis en lumière par l’enquête 2021 de VISIPLUS academy, BVA et LHH sur les Français et la reconversion professionnelle.
Pour 20 % d’entre eux, la crise sanitaire a agi comme un facteur déclencheur. Rien d’étonnant lorsque la vie professionnelle est bouleversée par le chômage partiel, l’arrêt total de l’activité ou l’accélération du télétravail. Leurs principales motivations étaient alors :
- donner du sens à leur travail ;
- améliorer leurs conditions de travail ;
- surmonter une dépression, un burn-out ou d’autres problèmes de santé.
Au-delà d’un projet de reconversion professionnelle, certains ont fait le choix de changer tout simplement d’entreprise ou de secteur d’activité tout en continuant à exercer le même emploi. Selon une étude menée par Morning Consult pour le compte d’UKG dans plusieurs pays comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Mexique, les Français seraient même les champions de la démission. En effet, depuis le début de la pandémie, près de la moitié (49 %) d’entre eux ont quitté non pas un, mais plusieurs emplois. Et, pourtant, ce choix n’est plus aussi assumé aujourd’hui.
Pourquoi les Français sont-ils nostalgiques de leur ancienne entreprise ?
Toujours selon Morning Consult dans leur enquête réalisée entre décembre 2021 et janvier 2022, 6 Français sur 10 regrettent d’avoir changé d’entreprise pendant la pandémie. Éternels nostalgiques ? Il semblerait que les autres pays affichent des taux moins importants : 46 % en Allemagne, 39 % au Royaume-Uni et 34 % aux Pays-Bas.
Mais, alors, quelles sont les raisons invoquées ? Pour 25 % des Français, ce sont leurs anciennes missions qui leur manquent aujourd’hui. Le salaire intervient sur le même plan, juste avant les vacances (22 %). Si les collègues sont également cités, ils le sont moins que dans d’autres pays.
Pas facile de trouver un juste équilibre quand sa vie a entièrement changé. Doit-on pour autant s’attendre à assister à une vague de « retours boomerang » (ou retour chez son ancien employeur) ? Si 65 % des Français sont prêts à envisager un retour, ce n’est pas le cas de leurs anciens managers. Ces derniers sont beaucoup plus frileux sur le sujet. Un départ n’a, de fait, rien d’anodin pour une entreprise, même s’il est fait dans de bonnes conditions. Les coûts engendrés ont souvent été importants et votre poste a, depuis, été pourvu. Alors, comment surmonter cette nostalgie qui vous gagne ?
7 conseils pour (enfin) faire le deuil de son emploi et ne rien regretter
Votre ancien emploi vous manque et vous avez du mal à en faire le deuil ? Les conseils suivants vous permettront de prendre du recul par rapport à la situation et de dépasser ce sentiment de regret.
Revenir sur les raisons qui vous ont poussé à quitter notre entreprise
Rappelez-vous : vous étiez derrière votre écran, à 21h00 un lundi soir, en train de broyer du noir et de lutter pour finir votre longue journée de travail. C’est là que vous avez pris cette décision : celle de quitter votre entreprise pour aller vers de nouveaux horizons. Mais aujourd’hui les doutes vous assaillent. Et si vous aviez fait le mauvais choix ? Passé les premiers temps, la routine s’est réinstallée dans votre quotidien professionnel. Pas de doute, vous éprouvez le fameux « syndrome » du « c’était mieux avant« . Pourtant, vous n’êtes pas parti sans raison, sur un coup de tête, n’est-ce pas ? Vous aviez bien des arguments qui vous ont poussé à changer d’entreprise ou à vous reconvertir.
Si avec le temps tous les souvenirs sont bons, il est important de revenir sur le pourquoi de votre départ. Si vous aviez une liste des aspects négatifs de votre ancien emploi à cette époque, c’est le moment de la ressortir. Autrement, nous vous invitons à les reprendre un à un. Replongez-vous également dans l’émotion du moment. Vous voyez ? Vous avez bien fait de tout quitter.
Comprendre la courbe du deuil, même pour un emploi
Le deuil est un mot souvent associé à la mort. Le départ d’une entreprise peut être vécu, selon les personnes, comme la fin d’une période impliquant de nombreux changements. Vous chérissiez peut-être votre ancienne entreprise et vos collègues, mais vous souhaitiez évoluer ou augmenter votre salaire ? L’expression faire son deuil prend alors tout son sens. Pour cela, il est important d’identifier et de comprendre ses ressentis. Ces derniers vont souvent suivre un schéma bien connu appelé la « courbe du deuil » d’Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue suisse.
On y perçoit deux temps : celui correspondant à la période avant que vous ne quittiez votre emploi et le deuxième, une fois que vous êtes déjà engagé dans le processus. Les phases descendantes correspondent, quant à elles, à vos émotions négatives. La tristesse permet de faire le lien entre les deux phases. Dans le cas d’un départ d’une entreprise, la courbe pourrait être décryptée ainsi :
- Un choc : Je finis trop tard, je suis épuisée, il faut que je réagisse.
- Le déni : Mais je suis bien payé et mes collègues sont sympas.
- La colère : Je ne veux plus me laisser faire, c’est fini. J’en ai assez de travailler tard le soir. Mon responsable est un bourreau.
- La peur : Et si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs ?
- La tristesse : Mon emploi me rend vraiment malheureux.
- L’acceptation : Je dois quitter cet emploi pour reprendre ma vie en main.
- Le pardon : Ce sont les circonstances qui ont créé cette situation de blocage, personne n’était responsable.
- La quête de sens : Je recherche un nouvel emploi ou je réfléchis à la suite.
- La sérénité : J’ai été recruté et je peux enfin passer à autre chose.
Ces différentes étapes ne sont pas forcément linéaires. Vous pouvez rester plus longtemps dans l’une d’entre elles, stagner, en sauter certaines, revenir en arrière… Prenez le temps d’analyser vos ressentis et de les accepter. Vous ne parvenez peut-être pas à faire votre deuil car vous êtes resté dans la phase de peur et de doutes. C’est à vous de tout mettre en œuvre pour avancer dans une phase ascendante.
Faire le bilan
Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quel chemin avez-vous parcouru ? Êtes-vous réellement insatisfait par votre poste actuel ? Si vos espoirs de départ n’ont pas été comblés, il est normal d’éprouver de la déception et, donc, de vous interroger. Attention toutefois à ne pas idéaliser votre ancienne expérience professionnelle. Encore une fois, celle-ci n’était sans doute pas parfaite.
Là encore, nous vous conseillons de lister les aspects positifs de votre poste actuel. N’hésitez pas, également, à poser sur le papier ce qui ne vous convient pas. Demandez-vous ce que vous pouvez améliorer. Pensez aussi à ce que vous recherchiez au moment où vous avez choisi cette entreprise. Nous vous en parlions dans un précédent article : faire d’un loisir son métier peut avoir ses limites.
Tourner la page pour avancer
Plus la rupture avec votre ancienne entreprise aura été douloureuse, plus vous aurez tendance à laisser une porte entrouverte. Un peu comme dans une rupture amoureuse finalement. Pourtant, vous devez mettre un point final à cette histoire. Vivre dans le passé ne vous permettra pas d’avancer. Vous devez aller de l’avant et mener votre projet de reconversion ou de changement jusqu’au bout pour voir où il peut vous conduire.
Si, au bout du chemin, vous regrettez toujours votre ancienne entreprise, vous pourrez plus sérieusement envisager de revenir sur vos pas.
Se faire accompagner pour faire le deuil de son emploi
Encore une fois, une rupture n’est jamais simple. Vous aurez peut-être besoin d’être accompagné dans cette étape par un coach ou un psychologue. Pourquoi ? Parce que de nombreux changements ont bouleversé votre vie. En fonction des personnes, ces derniers peuvent être plus ou moins bien vécus. Demander de l’aide vous permettra d’avancer plus vite dans le processus de deuil de votre emploi.
Se former pour mieux rebondir
La formation est votre alliée que vous soyez ou non en reconversion. En effet, cette dernière vous permettra de concrétiser votre projet ou vos rêves vers un nouvel emploi. Vous pouvez aussi y recourir pour ajouter des cordes à votre arc, répondre à de nouveaux challenges et, ainsi, trouver le poste qui vous plaira. Parfois le développement des compétences ou de soft skills suffit à se sentir bien dans un nouvel endroit. Alors, n’hésitez pas à consulter notre catalogue de formations pour trouver celle qui vous conviendra.
Donner du temps au temps
Seul le temps vous permettra d’oublier et d’avancer. Ne soyez pas trop pressé : la concrétisation d’un tel changement de vie prend parfois plus de temps que prévu. Peut-être aurez-vous besoin de passer par plusieurs étapes avant de retrouver votre équilibre : un nouveau changement de poste, une reconversion, une période d’inactivité…
Si vous vous êtes précipité, au départ, sur le premier poste venu, pressé de quitter un emploi qui ne vous comblait plus tout à fait, il est normal que les regrets apparaissent. Il n’est, néanmoins, pas trop tard pour changer, sans pour autant revenir en arrière.
En conclusion : faire le deuil de son emploi, c’est accepter d’aller de l’avant
Quitter un emploi n’est jamais anodin et implique de nombreux bouleversements. Ces derniers seront plus ou moins bien vécus en fonction de la situation de départ. Nous vous invitons donc à bien réfléchir avant de vous lancer et à vous préparer un maximum. Une chose est sûre : vous allez peut-être connaître plusieurs emplois ou carrières différents dans votre vie. Les métiers évoluent, en effet, très vite et des changements surviennent aussi dans la vie d’une entreprise. Rien n’est figé, donc le mieux c’est d’avancer.