Inquiétude, tristesse, colère… Les émotions s’invitent au travail depuis quelques années déjà, et encore plus actuellement. Quoi de plus normal ? Après tout, nous ne sommes pas des machines. Nous passons également une majorité de notre temps au travail, à côtoyer tous types de personnalité. De plus, la pandémie de Covid-19 nous affecte tous, plus ou moins, rendant difficile le contrôle de nos émotions. Pourtant, il n’est pas facile de pouvoir les exprimer dans le milieu professionnel. Longtemps considérées comme une faiblesse, elles ont souvent été laissées de côté. Et s’il s’agissait, en réalité, d’un atout ? Comment les gérer pour qu’elles trouvent leur place dans l’entreprise, sans nous impacter ?
Les émotions au travail : un long désamour
On expose peu ses émotions au travail. Les entreprises traditionnelles ont longtemps mis de côté ces dernières, les percevant de façon négative. Les choses tendent, malgré tout, à évoluer dans le milieu professionnel.
Oui, les émotions existent, même au travail !
Ah, les émotions en entreprise ! Un vaste sujet qui fait l’objet d’études depuis déjà de nombreuses années. En 1997, une professeur en management, Cynthia Fisher, s’est emparée du sujet. Elle dévoilait alors les 5 émotions négatives souvent ressenties sur son lieu de travail : la frustration, la nervosité, la colère, l’aversion et la déception. Des sentiments assez forts qui, s’ils étaient exprimés, pourraient être mal perçus. En effet, l’entreprise est un lieu où on attend souvent une certaine retenue. Dès lors, considérées comme une faiblesse, elles sont laissées à la porte de l’organisation. Une perception encore plus forte pour les postes stratégiques qui ne doivent pas montrer de « défaillances ».
À l’inverse, dans certains métiers ou fonctions, les émotions doivent parfois être simulées. Elles seraient alors inhérentes au poste de la personne. Ainsi, les professionnels de la santé doivent montrer de l’empathie, tout comme les conseillers en pompes funèbres. Les conseillers client et commerciaux doivent, quant à eux, rester courtois et souriant en toutes circonstances.
Les émotions : grandes oubliées du milieu professionnel
Il y a 30 ans, et même encore aujourd’hui, exprimer ses émotions en entreprise aurait été impensable. Il était en revanche possible d’exprimer, dans une certaine mesure, des sentiments positifs comme la joie ou l’enthousiasme. Les émotions négatives devaient être laissées à l’écart : difficile dans un cadre de travail, où chacun a ses opinions, sa façon de voir les choses, mais aussi son ressenti. Pourtant, actuellement, avec la Covid-19 et son lot d’incertitudes, il est fréquent de ressentir de l’inquiétude et de la peur. La colère et la frustration peuvent également intervenir lors d’un refus non justifié.
Ces émotions sont naturelles et ont, au contraire, besoin d’être exprimées pour ne pas créer une situation de blocage, des incompréhensions et, parfois même, un départ de l’entreprise. Malgré ce que l’on pourrait penser, elles peuvent être un véritable atout dans le milieu professionnel. À condition, bien sûr, qu’elles soient bien identifiées, maîtrisées et formulées. Certaines entreprises l’ont bien compris et ont pris les devants.
L’intelligence émotionnelle : le nouvel atout de l’entreprise
En effet, en 2019, donc avant la crise sanitaire, une étude sur l’intelligence émotionnelle réalisée par le Capgemini Institute Research, dévoilait que 74 % des 750 cadres dirigeants pensaient que l’intelligence émotionnelle allait devenir une compétence incontournable. Pour 61 %, cela pourrait même intervenir d’ici un à cinq ans.
De fait, chaque entreprise a sa propre « culture émotionnelle ». On pourrait la définir comme un mode de gestion des ressentis et relations entre collaborateurs. Celui-ci peut être très différent au sein de la même société. Un fait intéressant, car il prouve que le manager n’est pas seul responsable de la culture émotionnelle dans ses équipes. Aussi, depuis déjà quelques années, sous l’inspiration des start-ups, des petites entreprises prônent l’expression des sentiments. Une vraie bonne nouvelle à l’heure actuelle ! Pourtant, encore une fois, ce sont les émotions positives qui vont être plébiscitées. Et, si certaines entreprises vont plus loin, la maîtrise reste de mise. Il ne s’agit pas d’exprimer ses sentiments de façon trop « ouverte » ou passionnée, mais de le faire de façon mesurée et circonstanciée.
Pourquoi exprimer ses émotions au travail ?
La période actuelle nous invite à repenser notre rapport aux émotions et à les inviter à s’exprimer, y compris au travail. L’enjeu va alors être de gérer ses émotions pour pouvoir les exprimer de façon adéquate. Un vrai défi au quotidien !
Éviter la fatigue émotionnelle
La question de cacher ses émotions, ou même de les travestir, sur son lieu de travail, a longuement été étudiée. Finalement, quels en sont les impacts ? En particulier lorsqu’on doit faire bonne figure en continu devant un client. La sociologue américaine, Arlie Hochschild, parle alors de « jeu superficiel » et de « jeu en profondeur ». Le jeu superficiel consisterait à cacher volontairement ses émotions. Par exemple en souriant, même lorsqu’on nous demande d’effectuer une tâche pour la énième fois. Le « jeu en profondeur » serait, quant à lui, plus subtil. Le salarié parviendrait alors à se convaincre, de façon inconsciente, que le fait de refaire cette tâche est, en réalité, une opportunité pour sa carrière. Bien que mieux vécu dans ce dernier cas, cacher ses émotions peut être préjudiciable.
Tout d’abord, car cela peut conduire à une fatigue émotionnelle responsable, sur le long terme, de burn-out ou dépressions. Dans un second temps, cela ne permet pas d’établir des relations professionnelles de confiance et de satisfaire certains besoins. En effet, si vous souhaitez évoluer dans l’entreprise, mais que vous ne l’exprimez jamais, il est fort probable que quelqu’un de plus ambitieux vous souffle la promotion. Les membres de votre équipe ont besoin de connaître vos motivations pour pouvoir créer un lien. De plus, il ne vous sera pas possible de cacher éternellement vos sentiments, le langage non-verbal prenant souvent le dessus en cas de tensions. L’intelligence émotionnelle est donc essentielle dans une relation de travail.
Gérer ses émotions pour éviter l’impasse, au travail comme au quotidien
Les relations humaines en entreprise sont finalement les mêmes qu’au quotidien. Ainsi, apprendre à se connaître et à les gérer sera un formidable atout dans votre vie de tous les jours.
En intelligence émotionnelle on reconnaît cinq qualités : la maîtrise des relations humaines, la conscience, le contrôle de soi, la motivation et l’empathie. Ainsi, pour être compris, vous devez également prendre le temps de comprendre votre interlocuteur. C’est en l’appréhendant dans son intégralité que vous pourrez lui exprimer vos sentiments. Cette intelligence émotionnelle pourra être valorisée en entreprise. Elle sera un vrai levier pour :
- instaurer un climat de confiance ;
- créer de vrais liens ;
- anticiper ou détecter des situations de conflits et les désamorcer ;
- exprimer ses besoins.
Avec la crise actuelle, la gestion des émotions va aussi devenir un formidable avantage dans les processus décisionnels.
Gérer ses émotions pour mieux décider
La crise actuelle impose aux dirigeants des choix et des décisions parfois complexes : licenciement, restructuration… Il va alors devenir primordial de savoir prendre du recul sur certaines situations pour décider en toute objectivité et ne pas être trop affecté. Les émotions risquent, de fait, d’impacter chacune des décisions. En effet, selon les professeurs de psychologie, Jennifer S. Lerner et Datcher Keltner, la peur entraîne un jugement pessimiste du futur, et la colère un jugement optimiste. La gestion des émotions va alors permettre de prendre les meilleures décisions.
Dès lors, il s’agira de se poser les bonnes questions avant de faire un choix. Le but étant de déterminer s’il ne s’agit pas d’une décision prise pour éviter une situation désagréable et, donc, plus confortable sur le plan des émotions.
La pandémie de Covid-19 nous pousse à prêter une attention toute particulière à nos émotions. Mais, concrètement, comment faire ?
Et si on se formait à la gestion des émotions au travail ?
Encore une fois, montrer ses émotions peut apporter beaucoup, à condition d’en assurer la bonne gestion. Se former apparaît comme une bonne approche pour répondre à ce besoin.
L’intelligence émotionnelle en entreprise
L’éducation émotionnelle, vous connaissez ? Non ? Pourtant, votre entourage familial vous y a sans doute initié pendant des années. En effet, à l’école, l’émotion ne s’inscrit dans aucun programme. C’est bien dommage, car, plus tard, apparaît la difficulté ou la peur d’exprimer ce que l’on ressent. Dès lors, il sera plus difficile pour certaines personnes d’intégrer ses émotions dans un environnement professionnel. Alors que l’enjeu est important. Dans un premier temps, il s’agit de pouvoir extérioriser ses ressentis de façon nuancée, en prenant en compte son interlocuteur, pour éviter de susciter chez lui une réaction négative. D’un autre côté, il s’agit aussi de savoir accueillir les remarques afin de ne pas réagir à chaud. Tout un art ?
L’expression de ses émotions est, finalement, intimement liée à la connaissance de soi-même. C’est en comprenant ce qui génère chez vous certains effets (frissons, rouge aux joues, accélération du rythme cardiaque…) que vous pourrez les traduire en émotions. Celles-ci seront importantes à exprimer dans le cadre du travail pour que l’autre puisse vous comprendre. Néanmoins savoir les exprimer n’est pas inné. C’est pourquoi nous avons conçu la formation Développer son intelligence émotionnelle. L’objectif étant d’approfondir sa connaissance de soi et celle des autres pour mieux interagir. De façon complémentaire, le module Mieux Gérer les émotions, le stress et les conflits permet de mieux appréhender certaines situations. De fait, elles sont essentielles dans cette période d’incertitudes où les émotions prennent bien souvent le dessus. Dès lors, il sera important d’y intégrer la communication interpersonnelle.
L’importance de la communication interpersonnelle
Peur d’exprimer vos opinions, vos émotions ou vos envies, au travail ? Vos intentions sont souvent mal comprises ? Vous avez peut-être du mal à communiquer avec l’autre. Après la connaissance de soi, disposer de techniques pour échanger de façon optimale est essentiel. La formation Mieux communiquer avec les autres est une approche visant à améliorer les relations de travail. De même, se former en Communication interpersonnelle permet :
- d’optimiser vos relations de travail, aussi bien avec vos supérieurs hiérarchiques qu’avec vos subordonnés ;
- de bien transmettre vos messages ;
- de prévenir ou résoudre pacifiquement les conflits ;
- d’améliorer votre image.
Vous vous initierez également à l’art de la communication non-violente (CNV) qui permet d’exprimer ses émotions de façon adéquate pour être compris et pris en compte. Un programme qui pourrait être également utile à de nombreux managers.
Manager : expérimentez et mettez en place une culture émotionnelle au travail
Avec la crise, les managers sont obligés de repenser leur façon de fonctionner. Soumis à un stress important et à de nombreux enjeux, il est souvent admis que leurs émotions soient tues au profit de l’efficacité. Mais comment être performant lorsqu’on nie ce que l’on ressent ? Les émotions n’en disparaîtront pas pour autant. Il va alors être nécessaire de « ré-humaniser » le poste de manager en lui permettant de s’exprimer pour mieux manager et favoriser la mise en place d’une culture émotionnelle en entreprise.
En effet, le monde du travail a évolué. De ce fait, la posture du manager doit davantage s’inscrire dans un rôle de coach capable de travailler avec tous types de génération. La formation Animer et encadrer une équipe initie ainsi aux techniques de communication innovantes pour motiver ses équipes. Aussi, pour affirmer votre leadership vis-à-vis de vos équipes, vous trouverez le module Renforcer sa posture de manager et son leadership.
Enfin, instaurer une nouvelle culture émotionnelle sur son lieu de travail sera également l’un de vos rôles. Pour ce faire, il est vivement conseillé d’en discuter avec chacun des salariés pour comprendre leurs attentes et besoins. Cette culture émotionnelle pourra être formalisée pour faciliter les relations et l’intégration des nouvelles recrues.
Ainsi, les émotions au bureau se repensent avec la crise que nous vivons : une bonne chose pour faire évoluer les mentalités et le monde du travail.