En quoi le design thinking peut stimuler la transformation numérique ? On fait le point.
Selon le rapport Aligning the Organization for Its Digital Focus élaboré par MIT Sloan Management Review et Deloitte University Press, près de la moitié (44%) des 3 700 dirigeants d’entreprises, gestionnaires et analystes interrogés croient actuellement que leur organisation prépare adéquatement les perturbations liées au numérique.
Mais comment l’autre moitié (plus de la moitié) peut-elle entamer sa propre transformation digitale ? Beaucoup disent que c’est avec un exercice de réflexion sur le design thinking pour accélérer la transformation numérique de leur organisation. Dans une récente interview de Ray Wang, analyste principal, fondateur et président de Constellation Research, ainsi qu’auteur du best-seller, Disrupting Digital Business, note que les cadres doivent créer un environnement pour que les collaborateurs réussissent.
« Donc, la configuration de haut en bas (top-down) est importante », déclare Wang, « c’est de bas en haut que les gens peuvent soumettre des idées et savoir qu’ils peuvent innover et co-innover dans les organisations. La transformation numérique (définie par Constellation Research comme la méthodologie dans laquelle les organisations se transforment et créent de nouveaux modèles commerciaux empreints de culture numérique) n’est pas un projet que vous venez exposer une fois, c’est une partie de votre culture.»
Et c’est là que le design thinking permet de faire intervenir tous les acteurs dans l’innovation.
« Ce que beaucoup d’organisations font, c’est qu’elles commencent le processus avec un exercice de réflexion sur le design », note Wang.
Dans l’un des nombreux articles de Harvard Business Review, Tim Brown, PDG d’IDEO et auteur de Change by Design, définit le design thinking (traduit par Pensée design ou Esprit design ) comme « une discipline qui utilise la sensibilité et les méthodes du concepteur pour faire correspondre les besoins des personnes à ce qui est technologiquement possible et une stratégie commerciale viable (pour) convertir en valeur de client et opportunité de marché. »
« La partie clé du travail de réflexion sur la conception est la diversité, ajoute Wang, mais pas au sens traditionnel de la race, de la religion ou du genre. Dans ce cas, il s’agit de disciplines. Comptables, architectes, auteurs, artistes, ils pensent tous différemment. Lorsque vous les mettez dans une pièce et que vous essayez de résoudre au même problème, ils présentent des angles différents. C’est l’intersection de ces différentes disciplines qui suscitent l’innovation. »
Joe Dickerson, technologue, auteur et UX Lead, Microsoft UX Team, MS Services, fait écho à Wang concernant la conception pour stimuler l’innovation :
«Le processus de réflexion de conception aide les gens à générer des idées de façon collaborative qui tirent pleinement parti des perspectives de chacun. En réunissant des personnes différentes de différentes équipes, vous avez une «expérience» plus large et plus profonde pour informer l’idéation.»
« La clé de la réussite », note Dickerson, « est de s’assurer que la collaboration et le brainstorming soient correctement facilités et programmés afin de permettre aux idées novatrices à se développer et à s’épanouir.»
« Ces limites rendent les groupes plus concentrés et, en divisant tout le monde en équipes plus petites, il y a un peu de concurrence amicale entre les différents groupes qui encouragent les gens à proposer d’excellentes idées. »
Le design thinking fonctionne-t-il réellement ?
« J’ai facilité des sessions de réflexion sur le design avec de multiples organisations (à tous les niveaux) », explique Dickerson, « et à la fin de chaque session, il y a toujours au moins une idée novatrice permettant au groupe d’aller de l’avant, et cette idée le plus souvent n’existerait jamais sans ce type d’atelier ».
C’est un réel effort d’équipe.
« Une des clés est que cette collaboration est à la fois additive et positive», note Dickerson. « Dans le brainstorming initial, vous êtes encouragé à répondre avec « Oui, et … » au lieu de « Non, mais … ».
« Permettre aux gens d’ajouter une idée au lieu de faire taire cette idée émergente est important. Même les personnes qui ne se considèrent pas comme «créatives» peuvent s’appuyer sur les idées de leurs pairs pour ajouter de la valeur. Le moment de critiquer vient plus tard, lorsque vous commencez à concevoir un plan opérationnel pour faire de la vision une réalité mais même ici la critique est un détail et non de la vision elle-même. »