Le bonheur est devenu un enjeu essentiel dans nos sociétés, y compris au travail. Les injonctions à être heureux sont partout ! En première ligne : le monde de l’entreprise dans lequel nous passons une grande partie de notre temps. C’est la raison pour laquelle des métiers tels Chief happiness officer ou Responsable marque employeur voient le jour aujourd’hui. Les objectifs sont clairs : attirer, fidéliser et améliorer les performances des collaborateurs. Avec la pandémie de Covid-19, la question est plus que jamais d’actualité, de nombreuses personnes étant en quête de sens dans leur travail. Ainsi, selon une étude OpinionWay pour Microsoft France1 réalisée en 2020, le travail contribue au bonheur pour plus de 7 actifs français sur 10. Mais comment y parvenir pour les entreprises ? Cette quête du bonheur perpétuelle est-elle souhaitable ?
Quand le bonheur s’invite au travail
Petite définition du bonheur
Ah le bonheur ! Il n’a pas fini de faire parler de lui. Et nous n’avons pas fini de lui courir après. Les philosophes anciens et récents n’ont cessé de l’étudier depuis toujours, y apportant leur propre conception. Il semblerait aujourd’hui que nous soyons parvenus à une définition commune. Ainsi, selon dicophilo, le bonheur serait un « état de satisfaction complète, stable et durable.»
Pendant longtemps limité à la sphère privée, le voilà qui débarque dans nos bureaux depuis quelques années. Et cela n’est guère étonnant, car c’est là que nous passons une grande partie de nos journées. Mais comment éprouver un état de perpétuelle satisfaction au travail quand celui-ci est déjà difficile à atteindre dans notre vie personnelle ?
Une évolution de nos sociétés
Relier le bonheur au travail : il y a de quoi rester perplexe si on se réfère à l’étymologie du mot travail. On a coutume de dire qu’il proviendrait, en effet, du latin tripalium, un instrument de torture utilisé dans la Rome antique… On peut alors se poser la question de savoir comment deux concepts aussi opposés ont-ils pu se rejoindre ? Sachez tout d’abord que cette notion de torture est quelque peu abusive. De fait, le tripalium est avant tout un trépied instrument pouvant aussi bien être utilisé à l’époque par un éleveur, un maréchal-ferrant ou un tortionnaire. L’origine du mot en lui-même provient finalement du verbe tripaliere qui signifie « faire souffrir ». On retrouve donc là une dimension sacrificielle liée à l’idéologie judéo-chrétienne. Mais un dur labeur toujours récompensé, productif.
Ainsi, au XIXème siècle, le travail était centré sur la productivité. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, il s’agissait davantage de travailler mieux pour produire mieux et plus. Dès lors, il apparaît que c’est la notion même de productivité qui a créé un lien entre bonheur et travail. Et, désormais, pour de nombreux salariés et chefs d’entreprise le bonheur est devenu un but ultime.
Le travail contribue au bonheur pour de nombreux salariés
Il est bien fini le temps où on attendait les vacances ou le week-end comme une belle récompense après le travail accompli ! Du moins pour les fonctions intermédiaires ou supérieures. De fait, nous passons bien trop de temps au travail pour ne pas y chercher un sens ou un moyen d’être heureux. Ainsi, selon l’étude OpinionWay pour Microsoft France1, le travail contribue au bonheur pour 72 % des actifs français. Et cela en dépit de la crise sanitaire, économique et des épisodes de confinement que nous connaissons depuis plus d’un an maintenant.
De même, les 18-24 ans considèrent que les bonnes relations avec leurs collègues et l’ambiance de travail (44%) sont essentielles pour être heureux. Eléonore Carré, responsable de l’étude pour Opinion Way le confirme :
Pour la majorité des actifs, le travail sert avant tout à gagner sa vie, mais ce n’est pas quelque chose de binaire. Ce n’est pas uniquement un devoir ou passage obligé, il permet aussi de développer sa vie sociale et de trouver sa place dans la société.
Et la mise en place du télétravail ? Elle aurait, pour 77 % des répondants permis de travailler davantage aux côtés de leur conjoint cette année, ce qui aurait contribué à leur bonheur. De quoi redonner de l’espoir à ceux qui ont vu de nombreuses personnes autour d’eux se séparer pendant cette période. Mais le télétravail à temps plein n’est pas plébiscité. Au contraire, on souhaite plus de flexibilité, d’agilité et de confiance au quotidien. La crise que nous vivons actuellement aurait ainsi précipité les questionnements sur notre relation au travail.
La quête de sens au travail
Dans un monde où les burn-out et bore-out sont, chaque année, en forte augmentation, cette année a rebattu les cartes. Les Français ne veulent plus subir et cherchent un sens à leur travail. Leurs objectifs : trouver leur place dans la société, évoluer et avoir de la reconnaissance. Mais, surtout, apporter leur pierre à un édifice commun comme la responsabilité écologique et/ou sociétale.
Ainsi, l’idée d’accomplissement personnel n’a jamais été aussi forte, en particulier chez les plus jeunes. Les entreprises sauront-elles se saisir de ce changement de paradigme et évoluer pour répondre à ces nouveaux enjeux ? Certaines ont déjà commencé leur mutation.
Le bonheur au travail : les entreprises s’adaptent
Le bonheur au coeur des préoccupations des entreprises
Certaines entreprises l’ont bien compris : pour augmenter la productivité des salariés, il s’agit de miser sur le bonheur au travail. Dès lors, on privilégie des environnements de travail bienveillants et agréables pour favoriser l’implication des collaborateurs. Ces derniers doivent avoir envie de venir au travail et y trouver ce qu’ils recherchent.
Ainsi, on voit fleurir dans les start-ups des salles de pause colorées invitant à la détente. Baby-foot, salles de sport, grandes tablées pour déjeuner ensemble, repas à la carte ou à volonté. L’ingéniosité n’a pas de limite pour que chacun se sente « à la maison » et y trouve des avantages inégalables. C’est le cas de Google et de bien d’autres.
D’autres organisations révolutionnent leur fonctionnement et se tournent en partie ou totalement vers le modèle de l’entreprise libérée. Les collaborateurs ont ainsi la possibilité de prendre des décisions, sont invités à exprimer leurs ressentis grâce notamment à des techniques de développement personnel. On parle ici d’intrapreneuriat, de communication non violente, de groupes de travail…
Enfin, l’heure est aussi à l’engagement pour des causes importantes : environnement, social, égalité homme/femme. Celles-ci sont devenues essentielles pour de nombreux salariés en quête de sens. Ils doivent savoir qu’ils travaillent pour des entreprises « vertueuses » qui oeuvrent au quotidien pour le monde de demain. Pour impulser ces changements, les RH sont très sollicités actuellement.
RH : l’apparition de nouveaux métiers
Les RH sont en pleine mutation depuis le début de la crise. Entre digitalisation de la fonction et apparition de nouveaux métiers, il y a fort à faire. Ainsi, depuis quelques années, on trouve un Chief happiness officer dans certains grands groupes ou start-ups. Celui-ci intrigue. Un responsable du bonheur au travail, mais pourquoi ? Et quel est réellement son rôle ? Loin d’être un simple animateur d’open space ou de soirées, son rôle consiste à veiller au bien-être des salariés pour favoriser leur engagement et… leur productivité. C’est aussi le but du Responsable marque employeur qui doit élaborer un véritable plan d’action pour recruter, fédérer et fidéliser les talents en travaillant sur une marque employeur forte.
Les entreprises l’ont compris : il faut garder ses bons éléments pour rester compétitive et éviter d’être déséquilibrée par le turn-over. De même, sur le plan de l’engagement, on retrouve le Responsable RSE, QVT et diversité. Derrière ces acronymes se cachent les notions essentielles de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et de qualité de vie au travail (QVT). L’objectif est, là encore, de donner une nouvelle image de l’entreprise et de la promouvoir en interne comme en interne.
Les fonctions RH sont donc aux petits soins pour les collaborateurs et voient leur rôle évoluer davantage vers la communication et l’écoute. Une bonne nouvelle pour ce métier longtemps cantonné à des tâches administratives chronophages. La digitalisation y a fortement contribué. Il s’agit maintenant de se former pour être en phase avec les nouvelles missions de ces postes en constante évolution.
La formation pour répondre aux nouveaux besoins des entreprises
La crise que nous vivons a accentué le besoin en formation dans certains métiers. Les RH sont, bien entendu, concernés. Les compétences attendues ne sont plus les mêmes et requièrent une connaissance des outils digitaux, des techniques d’approche innovantes, de développement de la marque employeur ou encore de conduite du changement. C’est pourquoi nous avons élaboré des programmes de formation en parfaite adéquation avec le contexte actuel :
- Gestion RH et Recrutement à l’Ère du Digital ;
- Management des ressources humaines à l’ère du digital ;
- Attirer, recruter et intégrer des collaborateurs dans un contexte digital.
Sur le volet recrutement et sourcing, la formation Attirer, recruter et intégrer des collaborateurs dans un contexte digital permet de s’approprier l’ensemble des leviers du recrutement moderne. Pour des modules plus ciblés, n’hésitez pas à consulter notre catalogue dédié.
Enfin, parce que le collaborateur est également acteur de son bonheur, chacun devrait développer des soft skills indispensables en entreprise. L’intelligence émotionnelle et la communication interpersonnelle arrivent bien sûr en bonne place, tout comme l’efficacité professionnelle ou la gestion de son organisation personnelle. Mais cela serait-il suffisant pour atteindre le Saint-Graal ?
Et si on parlait plutôt de bien-être au travail ?
Certes la notion de bonheur a été investie par de nombreuses entreprises. Mais le terme est-il adéquat ? En effet, le bonheur est une quête sans fin dans nos vies. En faire un idéal parait vain et, trop souvent, source de frustration. De fait, le bonheur est un état permanent. Comment une entreprise pourrait-elle y répondre pour chacun de ses collaborateurs ? C’est un pari irréalisable. Le bien-être est sans doute un objectif plus adapté puisqu’il est, par nature, immédiat. Il appartient dès lors, à l’entreprise de le favoriser et aux collaborateurs d’y trouver une forme de satisfaction.
La crise actuelle a favorisé l’émergence de nouveaux besoins chez les salariés. La notion de bonheur au travail s’est alors affirmée. Certaines entreprises ont su s’en emparer, recrutant même sur des postes dédiés. C’est la raison pour laquelle les fonctions RH sont actuellement en pleine mutation. Le mouvement est impulsé mais comment répondre à un objectif aussi ambitieux que la quête du bonheur ? Et si le terme ne convenait pas ? Et s’il s’agissait de parler de bien-être au travail ? Dans ce cas, chacun (entreprise comme collaborateur) pourrait s’y investir pour y trouver ce qu’il recherche : une productivité mais plus humaine.