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Favoriser une culture de l’échec en entreprise

« Échec » : rien que prononcer ce mot suffit à susciter l’effroi des chefs d’entreprise français. Notre société actuelle accuse, en effet, une nette tendance à la valorisation des succès. Quelle plus belle illustration que LinkedIn ? Ce réseau social est devenu le lieu de prédilection des entrepreneurs en quête de reconnaissance, vantant haut et fort leur réussite. Les posts du type « Comment j’ai gagné 1 million d’€ de CA en moins de 3 mois » se sont ainsi multipliés sur nos murs pendant une longue période. Au point de susciter l’ire de certains membres, épuisés de cet étalage. Et que dire d’Instagram et ses influenceurs ?

Mais la tendance semble actuellement s’inverser et il est de plus en plus courant de lire des récits d’échecs ou de valorisation des imperfections. Car derrière tout succès se cache une réalité tout autre, faite d’aléas ayant mené à celui-ci. En effet, malgré ce que l’on aimerait nous faire penser, personne n’est parfait. Difficile dans ce cas de demander à ses collaborateurs une exemplarité sans faille. Et si on revoyait nos pratiques en impulsant une véritable culture de l’échec dans les entreprises, comme dans d’autres pays ? C’est ce que nous vous proposons aujourd’hui en vous donnant de vraies bonnes raisons de voter en faveur d’un management positif de l’erreur.

Quand l’échec n’est pas admis, en particulier en entreprise

Très tôt, il s’impose à nous à travers des expressions telles que : l’échec scolaire, l’échec amoureux, l’échec d’une vie... L’échec fait peur à bien des niveaux. Revenons sur le terme en lui-même et sur des années de stigmatisation d’un concept en réalité loin d’être négatif. Tout dépend, finalement, de la perception que l’on en a.

Qu’est-ce que l’échec ?

La définition du Larousse est sans appel, l’échec est le « résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, d’un manque de réussite. » Et, afin de bien nous montrer ses effets néfastes, il y ajoute les synonymes : défaite, insuccès, revers ou y adjoint le mot subir. Car, en effet, l‘échec se subit et même se cache comme la plus grande des hontes.

Mais attention, entendons-nous : l’échec ne doit pas être confondu avec une erreur ou une faute. Ainsi, une erreur s’apparente davantage à une maladresse, un cadre qui n’était pas le bon au départ. Loin d’être intentionnelle, elle peut survenir à un moment tout à fait inattendu. L’échec, lui, relève d’une défaillance alors qu’un objectif précis avait été défini. Le but escompté n’ayant pas été atteint, l’échec est cuisant, insoutenable car vous en portez l’entière responsabilité sur vos épaules. Et, pourtant, saviez-vous que cette perception si négative était, en fait, une particularité française ?

La France : championne du monde du mode sans échec en entreprise et au quotidien

Dans un article LinkedIn intitulé La culture de l’échec n’est qu’une question de perception, une certaine Clara Damcevski Kindt décrypte bien le phénomène :

Dans un pays très essentialiste, on nous inculque très tôt que rater c’est au final être un raté.

Clara Damcevski Kindt, Architecte d’intérieur

L’échec, plutôt que d’être pris comme un événement isolé, serait ainsi considéré comme quelque chose de personnel, d’inhérent à la personne coupable. Elle la définirait et pourrait même coller à sa réputation dans le temps. Une perception loin d’être partagée par les autres pays pour qui il apparaît davantage sous un angle positif. Ou, du moins, fait-il l’objet d’une dramatisation bien moindre.

L'échec, plutôt que d'être pris comme un événement isolé, serait ainsi considéré comme quelque chose de personnel, d'inhérent à la personne coupable.

Pour les Américains, par exemple, il serait vécu comme une étape nécessaire à tout succès. « Avoir échoué, en France, c’est être coupable. Aux États-Unis, c’est être audacieux », confie le journaliste Simon Blin dans un article de Libération. De même, dans les pays nordiques, l’échec serait appréhendé comme une expérience ou une aventure. Ces différences de perception s’expliquent aussi bien d’un point de vue culturel qu’historique. Et, pourtant, si on s’inspirait des autres contrées, ne vivrions-nous pas bien mieux cet état ? Nous pourrions même en tirer des bénéfices certains, au quotidien comme en entreprise !

5 bonnes raisons de valoriser l’échec en entreprise

Vous pensez encore que l’échec n’a pas sa place dans le monde professionnel ? Voici des arguments qui vont vous faire changer d’avis et vous donner envie d’aller plus loin.

Améliorer la confiance en soi des salariés

Nous vous parlions plus tôt de la perception de l’échec en France, celle qui nous pousse à confondre l’événement et la personne. Dès lors, quelqu’un qui vit un échec devient un raté. Dans une entreprise, il est mis au banc des accusés, sans autre forme de procès. Résultat ? Démotivation, perte de confiance en soi, impossibilité de se rattraper... Un comble lorsqu’on sait que, dans les pays anglo-saxons, on parle de « culture du rebond » quand on évoque l’échec. Ainsi, si le concept était valorisé en entreprise, nous aurions davantage de salariés capables de reprendre le dessus en cas de coup dur et de passer outre pour apprendre et progresser. Confiants en eux-mêmes, ils seraient, sans aucun doute, les meilleurs éléments de votre entreprise.

Offrir une image plus authentique, à laquelle il est facile de s’identifier

Les posts LinkedIn et Instagram vantant les succès sans bavure de certains ne font plus l’unanimité. Pour une entreprise, c’est encore pire. À l’heure de la quête de sens au travail pour les salariés et de la guerre des talents, il ne fait pas bon afficher une image lisse peu réaliste. Vous voulez recruter et fidéliser ? Soyez vrai et montrez la réalité de votre parcours. Vous travaillerez ainsi votre marque employeur et pourrez entreprendre un marketing RH de qualité.

S’inscrire dans une démarche d’amélioration continue

Ne dit-on pas que l’on apprend de ses échecs ? Celui qui n’en a jamais connu reste donc souvent dans une vision très idéaliste et non réaliste des choses. Au premier faux pas, sa chute sera rude, mais il en sortira du positif. Il aura appris. Combien d’entreprises n’ont pas subi de plein fouet la crise du Covid ? Celles qui ont su repartir de plus belle sont celles qui ont su se remettre en question et prendre les mesures nécessaires.

En effet, l’apprentissage est aujourd’hui essentiel si l’on souhaite survivre à un monde qui va à 200 à l’heure. Obsolescence des compétences, accélération de la digitalisation, nouveaux modes de travail, crises à répétition… Le monde change : s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue devient une nécessité pour rester innovant et performant.

Vous avez du mal à y croire ? Philippe Rambaud, un entrepreneur qui a connu la faillite, a créé l’association 60 000 rebonds. Celle-ci a pour vocation d’aider les entrepreneurs à se relever après un échec. Pour lui, « objectivement, la meilleure forme d’apprentissage, c’est l’échec. C’est le meilleur moment pour apprendre.» Les Américains « considèrent donc qu’avoir des cicatrices, avoir des faillites dans son CV est positif. Alors qu’en France, on nous dit qu’il ne faut absolument pas avoir d’échecs ».

L'échec est culturellement vu beaucoup plus positivement aux États-Unis qu'en France

Permettre à vos collaborateurs d’avoir une meilleure connaissance d’eux-mêmes

Qui dit apprentissage dit meilleure connaissance de soi-même. Pouvoir décrypter les raisons d’un échec et savoir en quoi nous en sommes responsable, offre une meilleure vision de nous-mêmes. Si un comportement ou une action a pu en être la cause, c’est à nous de ne pas le ou la reproduire. En entreprise, un collaborateur qui sait se poser les bonnes questions en cas de coup dur ne pourra donc que s’améliorer.

Favoriser le succès grâce à l’échec

En 2018, une étude réalisée par la FEDAE et de l’Insee révélait que 31 % des entrepreneurs français jugeaient l’échec comme inacceptable. Pour l’éviter, la prudence était alors de rigueur. Mais, s’il survenait, malgré toutes les précautions prises, l’abandon était monnaie courante. Comment rebondir après une si cuisante expérience ? Et pourtant, le chemin vers le succès et la réussite est pavé d’embûches. L’erreur répandue est de croire le contraire et d’être très rapidement désabusé. C’est le moment de comprendre que :

Le succès c’est de tomber sept fois, se relever huit.

Proverbe chinois repris par Philippe Labro dans l’un de ses livres sur le burn-out

Impulser une culture de l’échec en entreprise en 4 étapes

Vous comprenez désormais toute la « puissance » de l’échec ? C’est le moment de passer à l’action en impulsant une vraie culture de l’échec dans votre entreprise. Une forme de management qui vous réservera de belles surprises.

1. Valoriser l’échec en lui donnant une place primordiale dans votre stratégie d’entreprise

Non, valoriser l’échec en entreprise ne consiste pas à « pardonner ». Cela reviendrait, encore une fois, à considérer l’échec de façon négative, à en faire porter la responsabilité à quelqu’un, à désigner un coupable. Au contraire, vous devez mettre l’échec au cœur de votre stratégie, lui donner une nouvelle dimension. Pousser les salariés à l’échec ? Impensable, me direz-vous ! Et, pourtant, c’est possible si vous partez du principe que, sans échec, point de réussite. L’échec doit être vécu comme une étape intermédiaire presque incontournable. Mais comment ?

2. Pousser à l’expérimentation tout en acceptant la possibilité d’échouer

Commencez par laisser vos collaborateurs expérimenter. Cessez de pratiquer un mode de management dans le contrôle permanent. La prise de risque a permis de très jolis succès par le passé. Alors, donnez-leur la possibilité de s’exprimer en leur indiquant qu’ils ont le droit d’échouer, que cela fait même partie du processus. Vous verrez que l’innovation sera au rendez-vous… ou pas. Et dans ce cas, pas de panique.

3. Offrir un cadre sécurisant au sein de l’entreprise en cas d’échec

Derrière tout échec se cache un apprentissage, vous l’avez compris. Mettez donc en place un process, un joli parachute permettant à vos collaborateurs et à vous-même de ne pas rester bloqués dans cette situation. Il ne s’agit pas de faire capoter l’intégralité d’un projet sous prétexte d’expérimentation ratée. Un échec doit être un minimum cadré. Les questions suivantes doivent être posées :

  • Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
  • Que peut-on retenir de cette expérience ?
  • Comment réajuster rapidement le tir ?

Le dernier élément est primordial puisqu’il vous appartient de mettre en place un plan d’action flexible ou agile vous permettant de vous adapter et de prendre une nouvelle direction.

On apprend plus de l'échec que du succès

4. Pousser à communiquer sur ses échecs et les apprentissages

Chaque échec devra faire l’objet d’une communication au plus grand nombre. Détrompez-vous : il ne s’agit pas d’humilier votre collaborateur, mais bien de permettre à tous d’en tirer des leçons. Cela évitera à certains de reproduire les mêmes. Vous pensez, là encore, amélioration continue mais sur un plan collectif. Montrez également les réussites derrière les échecs. Vous démontrerez ainsi que c’est un processus tout à fait naturel.

5. Formez-vous et formez vos collaborateurs

Il n’est pas évident de manager en prenant en compte des approches aussi innovantes. Vous allez devoir changer votre perception des choses et celle de votre équipe au complet. Si certains y adhéreront, d’autres y seront peut-être réfractaires. Pourquoi ne pas vous former aux nouveaux modes de management ? Un œil sur notre catalogue vous permettra d’accéder à des modules tels que : management transversal, nouvelles tendances de management, conduite du changement et innovation

De même, impulser une culture de l’échec en entreprise permettra d’identifier les faiblesses de certains collaborateurs sur certains aspects. Et c’est bien normal, les métiers évoluent très rapidement désormais. Nous vous conseillons de ne pas hésiter à consulter l’intégralité de nos formations pour leur permettre de développer leurs compétences et, ainsi, de progresser continuellement.

En conclusion : l’éloge de l’échec en entreprise est possible !

Plus de doute maintenant : l’échec a toute sa place dans votre quotidien et, surtout, en entreprise. Il est essentiel de sortir de cette vision limitante qui nous porte à croire que cela fait de nous un raté. Nous serions bien inspirés de prendre exemple sur d’autres pays en impulsant une vraie culture de l’échec dans les organisations. De même, stoppons les discours sans fin sur les réussites. L’heure est à la transparence et à l’authenticité. Dévoiler vos faiblesses ne fera pas de vous une cible. Au contraire, vous mettrez en lumière votre humilité, votre capacité à vous remettre en question et, ainsi, à apprendre toujours plus. Ces différents aspects sauront séduire d’éventuels prospects ou des talents en quête d’entreprise résiliente. Alors, qu’attendez-vous ?

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