S’il est vrai que les soft skills suscitent de plus en plus l’intérêt des recruteurs, de nombreuses idées reçues empêchent encore les candidats de les mettre correctement en valeur dans leur CV et durant l’entretien d’embauche… Nous vous présentons les grandes vérités à connaître sur les « compétences douces ».
Non, la motivation et la bienveillance ne sont pas des soft skills
L’une des erreurs les plus courantes est de confondre les « compétences douces » avec :
- les traits de personnalité comme par exemple la bienveillance, l’ouverture d’esprit ou l’extraversion ;
- la motivation, l’engagement et autres « états d’esprit » pouvant fluctuer en fonction du contexte, de la période de l’année, des objectifs à atteindre etc.
Retenez que les soft skills désignent des compétences comportementales stables dans le temps. Votre capacité à gérer votre stress en toutes circonstances, à travailler en équipe, à faire preuve d’autonomie ou encore votre capacité à prioriser vos tâches font ainsi partie de vos soft skills.
Les soft skills ne peuvent pas être imitées par l’IA : une affirmation discutable
Dans bien des définitions, les compétences comportementales sont présentées comme l’apanage de l’humanité voire comme la manière ultime de nous différencier des logiciels et robots pilotés par l’intelligence artificielle. Mais la réalité n’est pas si simple. Certes, un robot ne peut pas réellement avoir « l’esprit » d’équipe. Il n’en reste pas moins capable de travailler de manière coordonnée avec d’autres robots ou des agents humains… Citons par exemple le cas de Charlie, le premier robot médical autonome qui s’est fait vivement remarqué au CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas 2019 et qui est déjà entré en fonction dans certains hôpitaux français : véritable soutien pour l’équipe médicale, il décharge les aides-soignants et les infirmiers de tâches très physiques et chronophages comme pousser les chariots de soins, aider les patients à combattre leur stress et bien d’autres choses encore…
De même, quelques IA sont déjà capables de reconnaître les émotions, de les imiter et même de composer des morceaux de musique inédits sans pour autant avoir de réelle fibre artistique… En résumé : certaines soft skills peuvent effectivement être reproduites par des « machines pensantes ». Mais cela ne doit pas être une source d’inquiétude : gardez à l’esprit qu’elles n’ont pas vocation de remplacer les humains mais plutôt de les assister dans leur travail.
Autre idée reçue : il est impossible d’évaluer les soft skills
Contrairement aux compétences techniques (hard skills) acquises durant vos études ou au cours de votre formation professionnelle continue, les compétences comportementales ne peuvent pas être « prouvées » par un diplôme ou une certification. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas du tout être mesurées !
En réalité, il existe déjà plusieurs outils d’évaluation des soft skills, parmi lesquels figurent notamment :
- divers tests de personnalité ou d’intelligence émotionnelle, sachant que les plus sophistiqués d’entre eux sont basés sur les résultats de longues années de recherches scientifiques ;
- des serious games. A l’origine ces derniers étaient plutôt destinés à la formation interne des salariés mais ils sont en train de gagner du terrain dans l’univers du recrutement. Ils prennent généralement la forme d’un jeu vidéo dans lequel vous incarnez un développeur web ou encore un consultant SEO devant remplir différentes missions. C’est en analysant vos décisions que les recruteurs parviennent à évaluer votre capacité d’adaptation ou votre sens de l’organisation par exemple ;
- des algorithmes qui analysent plusieurs données pour mesurer une sélection de compétences chez les candidats…
Il n’est pas rare qu’un recruteur cumule plusieurs outils d’évaluation. Il tient aussi compte des réponses données lors de l’entretien d’embauche et des informations fournies dans le CV pour déterminer les compétences comportementales des postulants.
Les soft skills sont impossibles à travailler : encore une idée reçue à combattre
Sans renier totalement la part de l’inné, nous tenons quand même à souligner qu’il est possible d’acquérir ou de renforcer de nombreuses compétences comportementales dont, entre autres, l’esprit d’équipe et la gestion du stress. D’ailleurs, compte tenu de leur importance croissante pour les entreprises, de nombreux managers entreprennent des actions pour développer les soft skills de leurs collaborateurs… Vous pouvez aussi travailler certaines de vos « compétences douces » de votre côté grâce à l’aide d’un coach par exemple. Il existe aussi de plus en plus de séminaires et de conférences intéressantes sur le sujet.
Les compétences comportementales ne s’appuient sur aucune connaissance : vraiment ?
Par nature, les soft skills ne s’appuient pas sur des connaissances techniques : aucune d’entre elles ne requièrent de maîtriser les bonnes pratiques de l’UX design ni même de connaître les bases du SEO par exemple. Mais peut-on dire qu’elles ne reposent sur aucune connaissance particulière pour autant ?
Pour vous donner un exemple concret, il est nettement plus simple de gérer son stress et de le transformer en énergie positive quand on connaît ses mécanismes d’apparition, son intérêt (à petite dose, il peut vous stimuler et vous permettre de vous dépasser), ses effets possibles sur la santé et comment les éviter etc. Ainsi, les « compétences douces » peuvent très bien se baser sur de véritables connaissances.
Les soft skills sont devenues plus importantes que les hard skills pour les recruteurs : une information à nuancer
Autre idée très répandue : de plus en plus de recruteurs sélectionneraient les candidats en se basant sur leurs soft skills plutôt que sur leurs compétences techniques et leurs diplômes. Cette idée a notamment été véhiculée par un chiffre « choc », extrait de l’étude « Diplômes, Compétences Techniques ou comportementales : quelles sont les principales attentes des entreprises ? » publiée par Pôle Emploi en mars 2018. Selon elle :
60% des employeurs estiment que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques…
Mais il ne s’agit que d’une moyenne ! Quand on analyse les résultats de l’étude en profondeur, on s’aperçoit que l’importance des soft skills et des hard skills dans le processus de recrutement varie en fonction de plusieurs facteurs dont :
- la nature des contrats. Globalement, les entreprises proposant majoritairement des postes en CDI accordent beaucoup plus d’attention aux diplômes et certifications obtenues que celles embauchant surtout en CDD ;
- la taille de l’entreprise : plus celle-ci est grande, plus elle privilégie les hard skills.
Le secteur d’activité est également un facteur essentiel : le diplôme occupe toujours une place très importante dans le domaine de la finance, de l’informatique et des hautes technologies par exemple.
On pourrait ajouter à cela d’autres critères de recrutement comme l’expérience professionnelle des candidats, leur motivation pour le poste, leur capacité à actualiser leurs connaissances – essentielle dans le milieu du digital, les pratiques et les technologies évoluant constamment – leur polyvalence et la possibilité de leur faire suivre rapidement une formation pour leur permettre de combler certaines lacunes techniques.
En résumé : si les compétences comportementales sont de plus en plus recherchées, elles n’ont pas pour autant pris l’ascendant sur les hard skills, surtout dans les grandes entreprises et pour les métiers nécessitant des compétences techniques très poussées. Veillez donc à toujours bien mettre vos formations professionnelles, diplômes et certifications en valeur dans votre CV et lors de vos entretiens !
Certaines soft skills sont plus utiles que d’autres pour être recruté(e) : vrai ou faux ?
Disons qu’il s’agit d’une demi-vérité. En pratique, certaines compétences comportementales sont particulièrement appréciées des recruteurs, comme le révèlent d’ailleurs de nombreuses études :
Mais là encore, il s’agit de données statistiques et de moyennes : les soft skills recherchées varient en fonction du poste à pourvoir. L’essentiel est de bien cerner celles attendues dans votre profession : par exemple, dans le web design et les autres métiers créatifs, la capacité à innover et à s’affranchir des codes est généralement très appréciée.
Il faut lister ses soft skills sur son CV : pas tout à fait…
Est-ce que vous devez présenter vos soft skills sur votre CV ? Oui, sans le moindre doute : à expérience professionnelle et formations égales, ce sont généralement les soft skills qui permettent aux recruteurs d’arrêter leur choix parmi plusieurs candidats. Il serait donc préjudiciable de ne pas les évoquer.
Mais est-ce que vous pouvez simplement les lister ? Non. Du moins est-ce déconseillé car ce n’est pas la meilleure façon de les mettre en valeur : sachez que les recruteurs préfèrent s’appuyer sur des faits pour identifier et évaluer vos compétences comportementales. Mieux vaut donc évoquer vos « compétences douces » en les liant directement à votre expérience professionnelle : par exemple, pour prouver votre capacité d’adaptation, vous pouvez indiquer que de telle date à telle date, vous avez été amené à remplir des missions dans des secteurs d’activité très différents en obtenant de bons résultats.
Même recommandation durant l’entretien d’embauche : dire que vous avez l’esprit d’équipe ou un bon sens des responsabilités ne sera vraiment intéressant que si vous parvenez à étayer vos affirmations avec des faits concrets, précis et dans la mesure du possible vérifiables par le recruteur.
Conseils bonus pour bien mettre en valeur vos soft skills dans votre CV
La première chose à faire est de choisir soigneusement les soft skills que vous voulez mettre en lumière. Rappelez-vous qu’un CV doit être concis : concentrez-vous donc uniquement sur les compétences comportementales que vous jugez les plus utiles pour le poste. Et que vous maîtrisez réellement bien sûr ! Il serait très malvenu de mentir au recruteur… Astuce : si vous avez du mal à identifier vos ressources, vous pouvez faire un bilan de compétences.
Reste ensuite à bien les positionner sur votre CV. A ce stade, il y a deux grandes options possibles : en parler directement dans votre expérience professionnelle ou les présenter dans un petit encart séparé, au début ou à la fin de votre CV. Quel que soit votre choix, n’oubliez pas de donner un contexte à vos affirmations et de soigner la présentation de vos hard skills en parallèle. Rappelez-vous : vos soft skills représentent un précieux atout pour trouver l’emploi de vos rêves mais elles ne font pas tout !
Pensez à la formation professionnelle pour maîtriser de nouvelles soft skills
On y pense pas souvent mais les organismes de formations professionnelles qui vous aident à acquérir ou approfondir vos « compétences douces ». Comment gérer son temps efficacement, ou se former sur la prise de parole en public par exemple, font parti des softs skills qui sont un atout indéniable pour un manager.