Si certains annoncent 2019 comme une année noire pour la formation, d’autres, comme nous, sommes plus optimistes. Il est vrai que la formation professionnelle a subi de nombreuses réformes ces derniers temps. La dernière en date étant entrée en vigueur tout récemment : le 1er janvier 2019 suite à l’adoption de la Loi Avenir Professionnel. 2019 sera sans aucun doute une année de transition.
Cette loi, mise en place par Muriel Pénicaud, ministre du travail, a surtout pour vocation de simplifier la formation professionnelle pour, on l’espère, permettre à tous d’y accéder plus facilement.
Avec la transformation digitale, la formation est devenu un enjeu personnel et professionnel pour tous. C’est aussi un enjeu stratégique pour bon nombre d’entreprises, notamment celles du marketing digital et de la communication. En effet, l’obsolescence des compétences est l’une des menaces les plus importantes sur le marché du travail et en acquérir de nouvelles, et ce de façon continue tout au long de la vie, est déjà devenu indispensable.
Beaucoup de choses concernant la formation professionnelle vont se mettre en place petit à petit courant 2019, mais ce qui est sûr, c’est que vous aurez toujours plus de bonnes raisons de vous former, en 2019 et dans les années à venir.
Parce qu’acquérir de nouvelles compétences est devenu indispensable
85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore aujourd’hui.
Ce chiffre, qui peut donner le tournis, est énoncé dans un rapport de Dell et de l’Institut pour le Futur datant de juillet 2017.
88 % des personnes estiment que l’essor de l’intelligence artificielle sera l’un des trois facteurs qui façonnera le milieu du travail en 2025, selon une étude réalisée par Pierre Audoin Consultants pour Fujitsu, baptisée « Workplace 2025». D’ailleurs, 47 % des entreprises prévoient d’investir dans des assistants virtuels au cours des deux prochaines années.
Ces chiffres sont le signe que la transformation digitale est bel et bien en route et qu’elle ne va faire qu’accélérer dans les prochaines années, faisant disparaître ou modifiant de très nombreux jobs.
Et avec elle, l’obsolescence des compétences est en marche. On considère qu’aujourd’hui, une compétence technologique a une durée de vie de cinq ans en entreprise. Il va donc falloir anticiper l’évolution des métiers et mettre en place une formation qui soit permanente et continue pour rester compétitif et opérationnel. L’Intelligence Artificielle devrait nous aider à y parvenir puisqu’il est désormais possible de cartographier, compétence par compétence, celles qui vont être amenées à disparaître à plus ou moins long terme.
Certes, 60 % des employeurs estiment que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques (selon une étude de Pôle Emploi sur les attentes des employeurs vis-à-vis du diplôme et des compétences recherchées sur un CV) mais il reste indéniable que certaines connaissances sont actuellement indispensable, notamment dans le secteur du digital marketing et de la communication. Google Analytics, Growth Hacking, Inbound Marketing, Marketing Automation, sont autant d’outils qu’il est par exemple primordial de maîtriser.
Linkedin a également récemment dressé la liste des 25 compétences (Hard skills ou savoir-faire) actuellement les plus recherchées par les entreprises. Parmi elles, le Cloud Computing, l’Intelligence Artificielle, l’Analytical Reasoning, le People Management et l’UX Design.
Parce que accéder à la formation sera plus simple
Simplifier la formation, c’est le mot d’ordre des ordonnances Macron sur la formation professionnelle. Derrière cela, l’ambition forte de donner à tous la possibilité de se réorienter ou de mettre en place une transition professionnelle. Pour cela, un outil unique est en cours de création : une application unique qui donne accès, en quelques clics, à toutes les formations possibles et éligibles au CPF. Cet outil ne sera disponible qu’au second semestre 2019. L’idée étant que chacun puisse y réserver sa formation directement en ligne.
Pour faciliter l’accès à la formation, de nouveaux formats se développent. En effet, pendant longtemps, certains managers ont été réticents à l’idée de laisser partir des membres de leur équipe, parfois plusieurs semaines, en formation. Il fallait en effet réorganiser les projets et les ressources le temps de leur absence, ce qui n’est pas toujours simple.
Or, aujourd’hui, se lancer dans une formation n’implique plus de longues absences, voire, dans certains cas, plus d’absence du tout. En effet, la formation professionnelle, elle aussi, prend le virage numérique. D’ailleurs, les formations en ligne se développent de plus en plus et les formations en présentiel sont en baisse, pour laisser place au Digital Learning.
On voit également se développer ce que l’on appelle le blended learning. Ce sont des formations qui mêlent à la fois des dispositifs en présentiel et à distance. Les organismes à avoir opté pour le blended learning seraient d’ailleurs 59 % aujourd’hui contre 53 % en 2015.
Le digital learning offre en effet de nombreux avantages, comme la flexibilité ou la réactivité, surtout pour les petites structures.
On constate également aujourd’hui le développement du micro-learning, autrement dit des modules de formation très courts, souvent dispensés en ligne qui lèvent le frein du manque de temps ou de l’impossibilité de se déplacer.
Mais les innovations en matière de formation permettent d’aller plus loin : la tendance est à l’adaptive learning qui mêle algorithmes, psychologie cognitive et big data afin de personnaliser l’enseignement. Appelé en français “apprentissage adaptatif”, l’adaptive learning est une méthode d’apprentissage dans laquelle une ou plusieurs caractéristiques de l’environnement d’apprentissage s’adaptent à l’apprenant. Et c’est en ce sens qu’elle pourrait bien révolutionner l’éducation. Cette adaptabilité concerne trois éléments principaux : l’apparence, l’ordre, et l’accompagnement vers l’objectif. L’apparence (ou la forme de l’apprentissage) étant la façon dont les actions d’apprentissage (le contenu, le texte, les graphiques, les vidéos…) sont présentées à l’apprenti. Cela prend la forme de petits modules, basés sur des algorithmes, d’une durée d’une minute, pas plus, et que l’on suit sur son mobile. Et les chiffres sont convaincants puisqu’avec une minute de cours par jour pendant deux mois, cela aboutit à 70 % de mémorisation des compétences au bout de deux mois.
Parce que vous devenez le principal décideur
L’un des enjeux de la Loi Avenir Professionnel était aussi de redéfinir les rôles dans le jeu de la formation. Elle a donc pour vocation de donner plus de responsabilité à chacun, face à son avenir professionnelle et sa formation. Ainsi, il s’agit aujourd’hui d’une responsabilité individuelle plus que collective. Le salarié pourra ainsi définir ses besoins en formation et activer ses droits quand il le souhaite.
Pour cela, il aura un Compte Personnel de Formation dont le montant est maintenant en euros (alors qu’il était auparavant en heures de formation). Chaque année, les salariés seront crédités de 500 euros, jusqu’à un plafond de 5000 euros. (800 euros par an, plafonné à 8000 euros pour les salariés les moins qualifiés, n’ayant pas un niveau V de qualification)
Avec la réforme, l’employeur perd son droit de regard sur le contenu et le calendrier de la formation suivie par le salarié pendant son temps de travail via son compte personnel de formation. Il devra cependant autoriser (ou non) le départ du salarié en formation. S’il le souhaite, il pourra abonder le compte formation de ses salariés, s’il considère que le choix de la formation est en accord avec l’activité de l’entreprise et que c’est un besoin important dans son développement par exemple.
Les salariés seraient ainsi de plus en plus nombreux à considérer la formation et à être informés quant aux possibilités qu’elle donne.
Si les salariés sont aujourd’hui replacés au coeur de la prise de décision quant à leur formation, il le sont également dans les méthodes d’apprentissage proposées. En effet, les parcours de formation sont de plus en plus individualisés pour permettre à chacun d’y trouver son compte. On entre aussi dans une logique de classe inversée où les apprentissages sont données en amont, par mail ou via le digital learning. Ainsi, le temps de présence est centré sur l’échange, l’apprentissage des soft skills, de la compréhension, des échanges entre pairs. Et cela devrait plaire aux personnes en formation continue, souvent demandeurs de pédagogies innovantes.
Parce que le catalogue sera plus large et les formations de meilleure qualité
Pendant longtemps, le catalogue des formations disponibles au sein de l’offre CPF était réalisé par les partenaires sociaux et beaucoup considéraient qu’elle n’était pas toujours en totale adéquation avec les attentes du marché du travail et des personnes en quête de formation.
Aujourd’hui, avec la réforme, le catalogue va s’élargir puisque toutes les formations menant à une certification professionnelle reconnue, c’est-à-dire répertoriée au sein du Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), pourront être éligibles au compte personnel de formation.
La qualité et le sérieux des formations devraient augmenter eux aussi. Et c’est une bonne nouvelle, surtout lorsque l’on sait qu’une enquête Médiapart parue en 2014, révélait que 67 organismes de formation avaient été jugés suspects en Ile-de-France par le service régional de contrôle (SRC) de la formation professionnelle, et avaient potentiellement détourné près de quarante millions d’euros d’argent public en dupant des OPCA avec des formations qui n’existaient pas en réalité.
La mise en place du CPF vise aussi à limiter ce type d’abus. À partir de 2021, les organismes de formations qui voudront être éligibles au CPF devront obligatoirement se prévaloir d’une certification qualité délivrée par des organisations comme l’Association française de normalisation (Afnor) ou Bureau Veritas. Par ailleurs, à la manière d’un Trip Advisor, l’application dédiée au CPF permettra aux utilisateurs de noter les différents organismes de formation auxquels ils auront pu faire appel.
Si la formation va, pour beaucoup, rester une priorité en 2019, il est évident que cette année sera avant tout une année de transition. La réforme du CPF prendra vraiment son sens en 2020, lorsque l’application dédiée permettra à tout un chacun de gérer et de payer directement avec ses euros la formation de son choix. En attendant, il faudra toujours se tourner vers son OPCO (nouvel OPCA) pour utiliser son budget de formation. Ce qui est certain c’est que maintenant que l’autonomie est donnée, la course à la formation peut être lancée !