La vocation professionnelle serait-elle un mythe ? En quête de sens depuis la crise sanitaire, de nombreux salariés semblent se tourner désespérément vers ce concept avant d’entamer une reconversion. Celui-ci devient, dès lors, un gage de succès et de réussite dans un monde incertain. Mais n’est-ce pas utopiste et, in fine, source de désillusion, de se raccrocher à cette idée que « nous sommes faits pour un métier » ? Tout comme la quête de l’amour unique et éternel, celle de sa « raison d’être » peut générer beaucoup d’angoisse et de frustration. Et si vous sortiez de ce carcan pour libérer votre potentiel et voir au-delà ? Explorons ensemble cette notion pour, enfin, réussir votre reconversion.
La vocation dans le monde professionnel
Changer de métier vous fait rêver et vous vous dites qu’il est temps de trouver votre vocation ? Rien d’étonnant à cela, le web regorge d’articles du type « Comment trouver sa vocation en X conseils ?« . On peut, dès lors, se demander comment ce concept a pu s’imposer dans nos sociétés. Et ceci jusqu’à devenir un but ultime. Petite histoire de la vocation à travers les âges et zoom sur les risques.
Qu’est-ce qu’une vocation ?
Le concept de vocation a d’abord été appliqué au domaine religieux et théologique avant de, très vite, être associé à d’autres champs. Le développement de son usage remonterait même au XVIe siècle selon le professeur d’histoire Thomas Hervouët (source : Vocation professionnelle : un concept efficient pour le xxe siècle ? de Christian Chevandier). À cette époque, toutefois, il est uniquement attribué aux états littéraires et artistiques. Il faudra ensuite attendre les années 1960 pour le voir s’étendre à celui des professions.
Du latin vocatio, il signifie au départ « l’appel » lié au divin et poussant l’être humain à dédier sa vie à la religion. Il sous-tend alors une idée de « non-choix » et de « sacrifice » que l’on retrouve par la suite dans les métiers de la santé ou de l’enseignement, des causes salutaires à autrui et donc considérées comme plus grandes que soi. La phrase d’Artistote l’exprime d’ailleurs très bien : “Là où vos talents rejoignent les besoins du monde, là est votre vocation. » Ce n’est que depuis quelques années que le concept est relié à l’idée de bonheur personnel, remettant l’individu au centre. Le Larousse le définit ainsi comme une « Inclination, penchant particulier pour un certain genre de vie, un type d’activité » et donne les synonymes suivants : goût, inclination, passion… L’individu a alors le choix et le revendique pour parvenir au bonheur.
Des définitions finalement assez éloignées et qui n’ont cessé d’évoluer. Pour l’historien Christian Chevandier, le fait d’avoir transposé ce concept du religieux au travail interroge, car il signifie que l’on peut opter pour un métier comme on décide d’entrer en religion. Un questionnement bien légitime au regard des injonctions récentes.
Pourquoi cet engouement autour du concept ?
Selon une étude d’OpinionWay réalisée en 2020 pour Microsoft France, pour plus de 7 actifs français sur 10, le travail contribuerait au bonheur. Les entreprises se sont donc emparées du sujet en accentuant leurs efforts sur l’amélioration de la qualité de vie au travail. Alors que le bonheur reste une quête perpétuelle dans notre existence, certains l’ont étroitement relié à l’idée de vocation. Celle-ci permettrait d’atteindre le graal suprême. Il devient, dès lors, essentiel de se poser les questions : « pour quel métier suis-je fait ? », « qu’est-ce qui me correspond ? », « quelle est ma voie ? ».
Sur les réseaux sociaux tels que LinkedIn, les récits de succès professionnels s’enchaînent, d’aucun clamant haut et fort être heureux de pouvoir vivre de sa passion ou de sa vocation. La quête de sens au travail devient donc un objectif de vie, l’assurance d’une réussite personnelle et professionnelle. Mais comment expliquer un tel engouement pour cette notion ?
En effet, nos grands-parents et parfois parents étaient très loin d’exercer des emplois à vocation. Avoir un travail était lié au financier et au besoin de subsistance pour soi et sa famille. La génération Y (nées entre le début des années 1980 et la fin des années 1990) a, par la suite, était biberonnée avec l’idée qu’ils avaient le choix. Leurs parents ayant exercé un emploi pour leur assurer les meilleures études, l’épanouissement devait être, pour eux, au bout du tunnel. Pourtant, une fois les Y arrivés sur le marché du travail dans les années 2000, la crise était là, générant bien des désenchantements. L’idée de bien-être au travail est alors devenue essentielle et, avec elle, l’insatisfaction. Croulant sous les injonctions de bonheur au travail, le concept de vocation a fait son chemin, entraînant une porosité entre le professionnel et le personnel. C’est là que les problématiques ont commencé à apparaître.
Les écueils de la vocation professionnelle
Certes, il est important et sain de se demander ce que l’on a envie de faire et d’avoir le choix. C’est même la base d’une reconversion. Toutefois, la vocation prend parfois trop de place et peut être source de stress et d’angoisse. De fait, comment faire si vous n’avez ni passion ni passe-temps ? Êtes-vous condamné à une vie de malheur et d’ennui au travail ? À l’inverse, choisir d’avoir un métier-passion peut vous enfermer dans une spécialité qui, sur le long terme, ne vous procurera plus aucun plaisir. Par exemple, certains auteurs, dès lors qu’ils écrivent pour vivre, perdent l’inspiration et l’envie. Au risque de perdre également leur passion.
Un autre problème dans l’idée de vocation est qu’elle limite le potentiel des personnes touche-à-tout. Ces dernières peuvent se sentir exclues d’une société qui voudrait leur imposer de trouver leur voie, la seule et l’unique, celle qui les rendra heureuses. Or il n’y a pas qu’un seul chemin vers le bonheur et le travail ne doit pas forcément en faire partie.
Dans les exemples que nous avons pris jusqu’ici la vocation était liée à l’idée de passion. Si, en revanche, elle s’apparentait à une cause externe qui donnerait un sens à son existence (donc plus proche de sa définition historique et religieuse), les écueils seraient bien différents. Certes œuvrer pour autrui peut apporter beaucoup de satisfaction. Mais cela peut également conduire à s’oublier et, in fine, à se priver de bonheur et à mener au burn-out. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce mal est d’abord apparu dans les métiers de la santé et est très présent dans ceux de l’enseignement. Notre conclusion : et si c’était le moment de dépasser le concept de vocation ?
4 conseils pour trouver sa voie sans s’enfermer dans l’idée de raison d’être
Trouver sa voie, sa raison d’être, sa vocation… Comment réussir sa reconversion sans s’enfermer dans ces termes limitants ?
Accepter de ne pas avoir de vocation
Vous n’avez pas de vocation ? Et alors ? Nous l’avons vu, le concept en lui-même est difficile à définir, donc comment prétendre y accéder ? Il s’agit, finalement, d’une notion subjective derrière laquelle chacun met ce qu’il veut. Si vous envisagez une reconversion, vous devez être prêt à vous dire que vous n’allez pas forcément vous tourner vers un métier-passion ou qui a du sens.
Réfléchissez bien à ce que vous souhaitez. Peut-être n’avez-vous pas envie d’avoir des responsabilités ou préférez-vous avoir des horaires flexibles pour profiter de vos loisirs ? Vous en avez tout à fait le droit. Vous devrez, dès lors, déconstruire l’idée que votre épanouissement passe par le travail et faire abstraction des injonctions de ceux qui n’ont pas les mêmes ambitions. Certains d’entre vous souhaiteront également avoir un emploi bien payé. Encore une fois, cette décision n’appartient qu’à vous. Donc, faites fi des diktats !
Prendre le temps de se connaître
Une reconversion passe forcément par une phase d’introspection pour identifier vos envies, vos forces et vos faiblesses. Celle-ci sera d’autant plus salutaire qu’elle vous permettra de définir ce qui vous motive et vous fait vous lever tous les matins. Mais aussi ce pour quoi vous avez des facilités. Vous vous retrouverez alors face à une infinité de possibles.
Si vous êtes multicasquettes et que le choix est trop compliqué, vous pourrez même créer votre propre poste ou emploi. L’entrepreneuriat a le vent en poupe : c’est le choix qu’ont fait 10 % des actifs cette année selon le baromètre VISIPLUS academy et BVA. Toutefois, sachez également que les profils pluridisciplinaires sont de plus en plus demandés dans les entreprises. Il n’y a qu’à regarder les offres d’emploi : difficile de se spécialiser aujourd’hui. Ce n’est même pas forcément recommandé car il peut être difficile de rebondir en cas de coup dur.
Accepter l’idée que ce ne sera peut-être pas votre dernière reconversion
Selon l’INSEE, les actifs qui se lancent aujourd’hui sur le marché du travail changeront d’emploi au moins 4 à 5 fois dans leur vie professionnelle. Certains pourraient même changer 10 fois d’emploi ou plus. Parmi eux, les femmes et les jeunes sont les plus concernés.
L’idée de vocation n’est ici plus permise au risque de se transformer en quête inassouvie. De fait, à l’ère du digital où les métiers se font et se défont, la reconversion devient une norme. De plus, l’obsolescence des compétences accélère ce processus. Il s’agit, dès lors, de faire preuve d’adaptabilité et de ne pas avoir peur de changer de métier. La formation s’affirme ainsi comme la seule possibilité de conserver son employabilité. Et, encore une fois, il n’y pas d’âge pour y avoir recours.
Se former pour se reconvertir de façon efficace
La formation offre de formidables opportunités, en particulier actuellement. De nombreux financements sont possibles que ce soit avec ou sans son employeur. CPF, FNE-formation… Alors, soyez curieux et intéressez-vous aux métiers et aux compétences d’aujourd’hui et de demain. Ces derniers vous permettront de vous reconvertir en toute sérénité et d’aller vers des emplois ou secteurs porteurs et stratégiques. Vous pouvez consulter notre catalogue pour en savoir plus.
Conclusion : se détourner du concept de vocation permet de mieux trouver sa voie
La vocation n’est pas un mythe, mais le concept a pris, au fil du temps, trop d’importance dans nos sociétés. Résultat : des insatisfactions chroniques et des craintes de ne pas être une personne accomplie. Elle devient une fin en soi et non plus une possibilité en fonction de vos envies. S’en détacher est désormais une priorité pour aller vers d’autres opportunités, ne se fermer aucune porte et, finalement, être en accord avec soi-même. Car, non, le bonheur n’est pas lié à la vocation. N’hésitez pas à nous contacter pour que nous puissions vous orienter dans vos choix d’avenir.