Avec un taux d’inflation de 6 % et des salaires qui ne suivent pas, la question de demander une augmentation se pose légitimement. L’énergie, les transports et l’alimentaire représentent, en effet, aujourd’hui un budget important qui pèse sur les dépenses quotidiennes. Pourtant, les manifestations récentes l’ont prouvé : les entreprises et organisations ne sont pas toutes prêtes à répondre aux demandes de leurs salariés en la matière. La situation est, néanmoins, loin d’être bloquée. Retour sur cette période troublée. Nous vous donnerons ensuite toutes nos techniques pour faire grimper vos salaires en période d’inflation.
L’inflation et ses effets sur les entreprises et les salariés
L’inflation a dépassé 6 % sur un an en juillet. Les salaires ont, quant à eux, évolué plus lentement. De quoi susciter la grogne chez de nombreux Français. Retour sur le phénomène pour tout comprendre avant de passer à l’action.
Quand l’inflation s’emballe…
Pas de doute, les prix ont augmenté. Et cela encore plus dans certains secteurs tels que l’énergie, les transports (l’aérien a augmenté de 40 % en août), mais aussi l’alimentaire. Ce dernier point est particulièrement préoccupant puisque, selon un récent article du Monde.fr, l’inflation alimentaire en France s’approchait des 10 % dans les supermarchés fin septembre 2022. Des produits comme les pâtes ou le riz, considérés comme étant de première nécessité, ont même subi des hausses de 20, 30, voire 130 % sur un an.
Ce phénomène s’explique par deux facteurs principaux : la reprise économique post-Covid-19 et les tensions sur l’énergie liées à la guerre en Ukraine. Si la hausse des prix à la consommation avait été contenue à moins de 3 % en moyenne par an depuis le passage à l’euro, elle a décollé à l’été 2021. Jusqu’à dépasser 6 % sur un an en juillet dernier. Une situation qui inquiète, en particulier parce que les salaires, eux, n’évoluent pas aussi vite (source : le Monde.fr).
…et que les salaires ne suivent pas
La direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail indique qu’entre juin 2021 et juin 2022 l’indice du salaire mensuel de base a augmenté de 3,1 %. L’inflation étant de 6 % à cette période, le salaire réel français accuse donc une diminution de 2,9 % (source : le Monde.fr).
Bonne nouvelle : des budgets d’augmentation plus élevés sont prévus par les entreprises fin 2022 et en 2023. Toutefois, la plupart préfèrent, dans un premier temps, miser sur les aides de l’État. C’est ainsi que des manifestations se sont multipliées cette rentrée, aboutissant à des situations de blocage de certaines activités telles que les raffineries, impactant ainsi également les stations-service. Si la plupart des organisations ont compris l’urgence de la situation, les salariés ont, eux aussi, leur rôle à jouer en cette fin d’année.
Nos techniques pour obtenir une augmentation suite à l’inflation
Vous les attendiez avec impatience, les voici : nos techniques pour obtenir une augmentation suite à l’inflation. Y a-t-il des arguments spécifiques liés à cette période ? Y a-t-il un moment plus favorable pour faire votre demande ? Nous vous disons tout !
Ne pas utiliser l’inflation comme argument pour demander une augmentation
L’inflation, tout le monde en parle. En toute logique, votre première intention serait donc de vous présenter devant votre patron en lui soumettant cet argument imparable. Comment pourrait-il refuser ? La situation actuelle ne l’exige-t-elle pas ? Finalement, est-il même nécessaire de demander ?
Vous l’avez pourtant compris précédemment, ce seul argument ne suffira pas. De nombreux experts alertent, en effet, les salariés sur l’importance de ne pas s’appuyer sur celui-ci dans leurs négociations. Pour Olivier Coulomère, consultant à l’APEC, interrogé par RMC : « Ce n’est pas ça qui entre en ligne de compte, mais plutôt la situation de tension sur un certain nombre de fonctions, tous les métiers de la maintenance, de la logistique de la comptabilité, la pénurie de ces profils et les difficultés de recrutement qui vont justifier une augmentation de salaire« .
De fait, selon une enquête publiée par l’association des cadres, le deuxième trimestre de l’année 2022 a été marqué par des difficultés de recrutement chez les cadres pour 82 % des entreprises. Ce chiffre correspond à 13 points de plus qu’au 1er trimestre. 84 % d’entre elles envisageaient, dès lors, des difficultés de recrutement encore plus importantes au troisième trimestre. Un record jamais atteint. Certaines organisations ont donc anticipé la situation en prévoyant des rallonges salariales exceptionnelles si leurs projections venaient à se confirmer. Un budget serait également prévu pour des augmentations individuelles. L’objectif : fidéliser leurs salariés.
Néanmoins, évitez, lors de votre entretien, de parler d’inflation, de pénurie de candidats ou de contexte difficile. Il l’est malheureusement pour bon nombre de personnes et certaines PME ou TPE peinent, elles aussi, à se relever de la pandémie. Elles n’auront donc pas forcément prévu d’enveloppe dédiée. De plus, c’est aux représentants du personnel de négocier annuellement des augmentations collectives sur la base de cet argumentaire. Vous devez, ainsi, agir le plus finement possible.
Profiter de la fin de l’année pour demander une augmentation suite à l’inflation
Le timing pour demander une augmentation joue en votre faveur. Nous sommes, en effet, à la fin de l’année. C’est la période des entretiens annuels. Le moment idéal pour faire le point sur votre parcours dans l’entreprise et demander une augmentation. Soyez rassuré également : les entreprises s’attendent à des demandes d’augmentation. Elles ne seront donc pas surprises d’une telle démarche.
Mettre en avant ses performances
Vos résultats ont été bons cette année ? Vous avez su répondre à de nombreux défis, remplir vos objectifs ? C’est le moment de mettre en avant tous vos succès et de les rappeler à votre employeur. Celui-ci ne pourra que reconnaître votre valeur et ce que vous avez pu apporter à l’entreprise.
Là encore, si vous évoluez dans un métier pour lequel les candidats manquent à l’appel, le calcul sera vite fait pour l’employeur. À condition, bien entendu, qu’il ait les moyens de vous augmenter. Vous ne serez toutefois pas le seul à demander une augmentation, donc préparez bien votre argumentaire. Celui-ci devra être étayé par des chiffres, des résultats, des preuves… Montrez comment vous avez fait gagner de l’argent à l’organisation.
N’oubliez pas également de parler des compétences ou soft skills que vous avez su développer cette année. Vous avez suivi une formation dans l’année et avez su l’utiliser ? Prenez des exemples concrets. Ces derniers, s’ils n’ont pas été récompensés par une évolution professionnelle, peuvent faire l’objet d’une autre forme de récompense.
Parler de sa valeur marchande
Vous habitez à Paris et votre salaire d’attaché de presse ne correspond à la réalité du marché ? Il existe aujourd’hui de nombreux sites sur lesquels se renseigner sur votre valeur marchande. Ces derniers ne prendront toutefois pas en compte un certain nombre de paramètres. Regardez, alors, les fiches de poste actuelles ou les offres d’emploi. Allez également voir du côté de la concurrence pour connaître les salaires pratiqués à profil identique. Peut-être avez-vous déjà été contacté par une autre entreprise qui souhaitait vous recruter ? Dans ce cas, qu’est-ce que qui vous avez été proposé ?
Soyez prudent dans cet argument. Vous devez pouvoir prouver ce que vous avancez. Ne jouez pas non plus la carte de l’ultimatum (« Si vous ne me payez pas davantage, j’irai ailleurs »). Votre interlocuteur pourrait très mal le prendre et cela pourrait ne pas jouer en votre faveur. Restez factuel et montrez votre motivation pour le poste : « J’ai reçu des propositions de la part de concurrents qui me proposaient tel salaire. Je m’aperçois donc que je pourrais gagner mieux ailleurs, mais c’est ici que je veux travailler. Comment pourrions-nous parvenir à un compromis ? »
Miser sur sa fidélité
La question de la fidélisation des salariés est actuellement au cœur des préoccupations RH. Rien d’étonnant à cela puisque, après la crise, les Français ont été nombreux à se poser des questions d’un point de vue professionnel. Selon notre dernière enquête, menée en 2021 sur les Français et la reconversion professionnelle, 49 % envisageaient, étaient en cours ou avaient déjà réalisé leur reconversion professionnelle en juin 2021. D’autres ont tout simplement choisi de changer d’entreprise, parfois même à plusieurs reprises. En effet, une étude menée par Morning Consult pour UKG révèle que, depuis le début de la pandémie, près de la moitié des personnes intéressées (49 %) ont quitté non pas un, mais plusieurs emplois.
Les entreprises doivent donc tout faire, aujourd’hui, pour garder leurs effectifs. Là encore, pas d’ultimatum. Vous pouvez utiliser l’argument précédent pour tenter d’obtenir une augmentation. Vous pouvez aussi tout simplement mettre en avant vos nombreuses années dans l’entreprise.
Se former pour réussir son argumentation
La négociation n’est pas votre fort et vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée d’en faire la demande ? Sachez que, dans le contexte d’inflation actuel, il serait dommage de ne pas le faire. Pourquoi ne pas vous former sur le sujet ? Vous en sortirez avec une nouvelle corde à votre arc qui vous servira dans de nombreuses circonstances. N’oubliez pas, la négociation fait partie des compétences professionnelles clés. Voici quelques exemples de cycles et modules qui pourraient vous être d’une grande utilité :
- « Convaincre et s’imposer en négociation » : un cycle pour maîtriser toutes les techniques et gagner en assurance dans toutes les situations professionnelles ;
- « Mettre en œuvre une stratégie de négociation gagnant gagnant » : la certification idéale pour apprendre à négocier une augmentation de salaire, mais pas que ;
- « Gérer la diversité des situations de négociation en environnement professionnel » : une formation pour développer sa force de conviction.
Au-delà des formations qui pourraient booster vos compétences en négociation, vous former pour valider un nouveau diplôme est également une stratégie gagnante. Cela pourrait en effet peser dans la balance pour appuyer votre demande d’augmentation. Premièrement, valider un nouveau diplôme prouve que vous avez gagné en compétences. De deux, cela montre que vous êtes un professionnel impliqué et proactif, des qualités très recherchées qu’il serait dangereux de voir partir chez la concurrence à défaut d’être dûment récompensées !
De nombreux cycles diplômants sont aujourd’hui réalisables pendant ou en dehors du temps de travail, intégralement en ligne, et jusqu’à 100% finançables. N’hésitez pas à consulter notre catalogue de formations et à demander conseil à nos experts en évolution professionnelle pour trouver la formation qui pourrait vous permettre d’appuyer votre demande d’augmentation.
Changer d’entreprise pour voir son salaire augmenter
C’est, bien entendu, la dernière technique à laquelle recourir pour obtenir une augmentation de salaire suite à l’inflation : changer d’entreprise. Si vous savez d’avance que la santé financière de l’entreprise ne lui permettra pas de répondre à votre demande, c’est même votre unique alternative. Toutefois, n’oubliez pas de vous poser des questions en amont.
En effet, toujours selon l’enquête de Morning Consult précédemment citée, 6 Français sur 10 regrettent d’avoir changé d’entreprise pendant la pandémie. Ces derniers regrettent avant tout leurs anciennes missions. Quitter une entreprise pour un salaire doit donc être mûrement réfléchi. Êtes-vous réellement dos au mur ? L’entreprise dans laquelle vous évoluez vous satisfait-elle aujourd’hui ? Comment faire pour trouver un compromis ? Nous vous conseillons de ne pas vous précipiter et de lire notre article : « Comment faire le deuil de son ancien emploi et ne rien regretter ?« . Vous y trouverez de précieux conseils qui vous permettront de faire un choix éclairé.
En conclusion : l’inflation est un atout pour demander une augmentation, pas un argument déterminant
L’inflation est incontestablement une problématique qui pèse sur les ménages français. Le sujet de l’augmentation des salaires fait pourtant encore débat. Crainte d’une inflation plus importante ou de creuser un écart plus grand entre les salaires sont régulièrement évoqués. Au-delà de ces considérations politiques et économiques, l’heure est à la réévaluation des salaires avec les entretiens annuels. Certaines entreprises ont déjà prévu un budget dédié. Vous avez donc tout intérêt à saisir cette opportunité. Mais gardez toutefois en tête que l’inflation, bien qu’un atout dans votre manche, ne sera pas un argument déterminant.