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Workation : faut-il vraiment concilier télétravail et vacances ?

Faut-il ou non adopter le workation en entreprise ?

Venu tout droit des États-Unis, le workation est de plus en plus populaire en France. Mais s’agit-il vraiment d’une bonne pratique à adopter ou d’un simple effet de mode voué à s’essouffler ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients pour les télétravailleurs ? Comment une entreprise peut-elle apprivoiser ce phénomène ? On vous explique l’essentiel à savoir sur cette nouvelle tendance dans notre article !

Le workation, c’est quoi exactement ?

Contraction de work (« travail ») et vacation (« vacances »), le workation serait né en Californie il y a déjà une dizaine d’années. Concrètement, cela consiste à associer télétravail et vacances : ces pratiquants partent en Sicile, à Madrid, à Tokyo ou toute autre destination qui les a toujours fait rêver pour y télétravailler le plus clair de leur temps… Tout en profitant des charmes du pays à leurs heures perdues.

Des « semi-vacances » en somme, dont sont friands de plus en plus de Français… Quand ils ne l’érigent pas carrément en art de vivre ! En effet, les digital nomads les plus émérites pratiquent le workation tout au long de l’année… En changeant souvent de pays en fonction des saisons d’ailleurs, tels de véritables oiseaux migrateurs !

Cela étant dit, retenez que le workation ne se pratique pas seulement à l’étranger. Vous pouvez aussi tout simplement partir télétravailler une semaine ou deux dans le Sud de la France par exemple !

Qui pratique le workation ?

Aujourd’hui encore, les digital nomads comptent énormément de freelances dans leur rang. Dont des rédacteurs web, des développeurs, des webdesigners ou encore des community managers par exemple. En somme : que des métiers qui peuvent s’exercer facilement n’importe où, sous réserve d’avoir un ordinateur et une bonne connexion internet !

Cela étant dit, de plus en plus de salariés français en télétravail adoptent aussi l’esprit workation. Avec l’autorisation de leur entreprise de préférence ! Même si certains salariés se gardent bien de dire à leur employeur qu’ils se trouvent en réalité sur une plage hawaïenne… A leurs risques et périls d’ailleurs, si leur « semi-vacances improvisées » sont découvertes !

télétravailler puis courir à la plage : voici une pratique courante chez les digital nomads.

C’est grave de télétravailler à l’étranger sans en parler à son entreprise ?

Sur le net, les témoignages de salariés ayant télétravaillés X jours sous le soleil de Marrakech ou dans la moiteur de Bali sans l’aval de leur employeur affluent de plus en plus. Certains vont même jusqu’à télétravailler à l’étranger toute l’année (ou presque) sans en parler à personne !

Étant déjà salariée à 100% en télétravail, j’ai demandé à mon employeur l’autorisation de télétravailler à l’étranger. Il a accepté de m’accorder un mois par an à cette fin. Alors je suis partie à Madère avec mon copain, et nous avons adoré. Après avoir goûté à la liberté et à l’épanouissement de ce premier mois, j’ai réalisé que le retour à la vie de bureau n’était plus une option pour moi. J’ai donc continué à voyager tout en travaillant, sans l’approbation officielle de mon employeur. »

Témoignage de Laurène, 29 ans, Agile Program Manager, publié sur Welcome to the Jungle

Si l’aventure est tentante, gardez tout de même à l’esprit que cette pratique est risquée. En particulier si celle-ci est clairement prohibée ou restreinte à un nombre de jours bien définis au sein de votre entreprise, car il s’agirait alors d’une véritable violation du règlement en vigueur !

Et dans les entreprises où rien n’est stipulé ? Dans ce cas, la situation est plus compliquée, car il existe encore un vide juridique concernant le télétravail à l’étranger. Mais à titre indicatif, dans l’arrêt n° 20/02208 du 10 mars 2022, la Cour de Versailles a déjà tranché en faveur d’un employeur !

Que dit la jurisprudence ?

Le contexte ? Un salarié a voulu quitter la région parisienne pour la Bretagne, ce qui l’éloignait dangereusement du siège social de l’entreprise où il était censé pouvoir venir travailler en cas de besoin. L’employeur a essayé de négocier avec lui pour qu’il reste sur la région parisienne mais le salarié a refusé, arguant du fait qu’il avait droit de télétravailler et de fixer son domicile personnel où il en avait envie.

Résultats ? Après avoir été licencié, le salarié a porté plainte mais celle-ci a été rejetée par la Cour de Versailles. Compte tenu des modalités du contrat de travail du salarié et de la distance qui séparait son nouveau domicile du siège social de l’entreprise, elle a en effet estimé que le licenciement était justifié et ne représentait « aucune atteinte disproportionnée au libre choix du domicile personnel et familial »…

Bref : essayer de télétravailler (très) loin de son entreprise sans obtenir l’accord préalable de son employeur semble bien risqué…

Quels sont les points forts et les points faibles du workation côté salarié ?

En pratique, le workation aurait les mêmes avantages que le télétravail « classique » à domicile. A savoir :

  • la diminution du stress ;
  • le gain en autonomie ;
  • un meilleur équilibre vie professionnelle/vie privée, etc.

Le dépaysement et le plaisir de voyager en plus ! Pouvoir plonger dans des eaux bleu turquoise après le travail reste une expérience unique…

Le workation présente des avantages similaires à ceux du télétravail classique.
Source : infographie Jobphoning

Toutefois, toute médaille a son revers ! En effet, il faut aussi tenir compte :

  • du prix du voyage et de l’hébergement. Ce qui pousse d’ailleurs de nombreux télétravailleurs « longue durée » à opter pour des auberges de jeunesse ou des espaces de coliving, généralement fréquentés par d’autres digital nomads en quête de compagnie ;
  • des problèmes de connexion internet. La qualité de celle-ci peut en effet s’avérer très fluctuante selon les pays… Ce qui peut vite devenir stressant quand il faut terminer rapidement une mission ;
  • de l’éventuel décalage horaire, qui peut vous pousser à travailler très tôt ou très tard pour participer à des visioconférences avec le reste de votre équipe par exemple ;
  • des difficultés à se déconnecter et à véritablement « lâcher-prise » durant vos heures de repos, etc.

Retenez aussi que, tout comme le télétravail classique, le workation ne convient pas forcément à tout le monde. Il faut avoir un certain goût pour le travail en autonomie pour pleinement l’apprécier par exemple ! Mais les personnes qui aiment déjà travailler depuis leur domicile ont de grandes chances d’adopter le workation ! L’idéal ? Faire un séjour de courte durée la première fois – avec l’accord de l’employeur – avant d’envisager des périodes de workation plus longues.

Quels sont les avantages et les inconvénients du workation côté entreprise ?

Les atouts du workation pour l’entreprise

Pour une entreprise, permettre à ses salariés et à ses collaborateurs externes de pratiquer le workation représente avant tout un levier de recrutement et de fidélisation des talents. Un levier d’autant plus intéressant à activer que l’engouement pour le workation est appelé à prendre encore plus d’ampleur avec le temps !

C’est du moins ce qu’affirment plusieurs études, dont :

  • une étude de Levels.io, consacrée au futur des digital nomads. D’après celle-ci, le monde devrait accueillir près d’un milliard de digital nomads en 2035… En comptant seulement les freelances et autres télétravailleurs indépendants ;
  • et une étude de Voyages Pirates publié en décembre 2020. Selon elle, 83 % des 18-35 ans souhaitaient déjà que le workation soit mis en place dans les entreprises pour l’année 2021… Et leur attrait pour ce nouveau mode de travail n’est pas retombé depuis, loin s’en faut !
workation : en 2035, on devrait dénombrer plus d'un milliard de digital nomads d'après cette étude
source :
étude de Levels.io, « The futur of digital nomads »

Autant dire qu’autoriser le workation pourrait vraiment vous aider à capter l’attention des jeunes talents. Mais pas seulement !

En effet, ce nouveau mode de travail peut aussi avoir un effet bénéfique sur la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) car il permet de :

  • réduire le stress ;
  • et d’accorder plus de flexibilité et d’autonomie à vos collaborateurs.

Il permettrait même de booster leur créativité et leur productivité… Du moins quand cette pratique est bien encadrée, car elle présente aussi quelques inconvénients dont il faut tenir compte !

Quels sont les principaux inconvénients du workation côté entreprise ?

Si ce nouveau mode de travail a bien des atouts, il peut aussi avoir des impacts négatifs s’il n’est pas bien encadré. Notamment sur la cohésion des équipes, qui est toujours un peu plus délicate à assurer à distance. Vous devez vraiment proposer un bon accompagnement pour que vos collaborateurs ne se sentent pas isolés et continuent à travailler en parfaite harmonie !

Sachez également que de nombreux salariés ont vraiment peur d’être jugés plus sévèrement que les autres lorsqu’ils travaillent à distance. Résultat : ils en font (beaucoup) trop pour prouver leur efficacité. Malheureusement cela a rapidement l’effet inverse, car un rythme aussi épuisant ne peut que nuire à leur bien-être et à leur productivité… D’où l’intérêt, une fois encore, d’accompagner soigneusement vos collaborateurs à distance !

Enfin, il existe également plusieurs risques à prendre en compte. En particulier les risques liés :

  • à la cybersécurité. En effet, il faut garantir la protection des données de l’entreprise – et celles de ses clients – quel que soit le lieu de travail des collaborateurs. Ce qui n’est pas simple à faire lorsque ces derniers se connectent à un réseau Wi-Fi non sécurisé par exemple ;
  • aux maladies et accidents sur place ;
  • aux éventuels mouvements de grève qui peuvent empêcher l’un de vos collaborateurs de revenir à temps au pays, etc.
Attention aux grèves des transports si vous autorisez le télétravail à l'étranger !
Source : Les Simpson

Comment encadrer le workation dans votre entreprise ?

Aucun accord collectif ne fixe déjà les règles du télétravail ? Dans ce cas, nous vous recommandons de créer votre propre charte de télétravail. Vous pourrez y définir toutes les règles encadrant le télétravail à domicile ET à l’étranger.

Pour celles-ci, vous pouvez notamment préciser :

  • que le salarié doit toujours avoir une bonne connexion internet et éviter les réseaux Wi-Fi non sécurisés de la ville ;
  • à quelles heures de travail le salarié doit absolument être joignable ;
  • le nombre de jours de workation autorisés par mois ou par année ;
  • les régions où vous autorisez le workation. Ce qui peut vous permettre, par exemple, d’éliminer les pays où il y a beaucoup de décalage horaire ;
  • les moyens de communication (sécurisés) à utiliser pour joindre les managers ou les autres membres de l’équipe, etc.

Enfin, veillez également à :

  • communiquer soigneusement sur le droit à la déconnexion, en recommandant à vos collaborateurs de ne plus lire et répondre à leurs mails professionnels à partir de 18h00 par exemple. L’idéal étant, bien entendu, que les managers montrent le bon exemple en ne sollicitant plus leurs équipes passé l’heure fatidique ;
  • créer régulièrement des rendez-vous formels (ex. : réunions de travail en visioconférence) ET informels (ex. : café virtuel en visio) pour maintenir le lien entre vos collaborateurs malgré la distance !

Pour aller plus loin

Quand il est bien encadré, le workation peut vraiment être un atout pour votre entreprise. Surtout si vos collaborateurs libèrent déjà tout leur potentiel en télétravail !

Vous avez des doutes à ce sujet ? Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager une formation pour booster l’efficacité de vos collaborateurs en télétravail ? Elle leur permettrait notamment d’apprendre à :

  • bien s’organiser ;
  • mieux séparer leur vie professionnelle et privée ;
  • bien communiquer avec les autres membres de leur équipe malgré la distance, etc.

Cela étant dit, si votre objectif prioritaire est d’attirer plus facilement les nouveaux talents, vous pouvez aussi vous diriger vers une formation en marque employeur et stratégie de communication RH ! Du choix des outils de communication jusqu’au déploiement de votre stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), elle vous donnera toutes les clés pour construire une marque employeur au top !

Dernier conseil pour conclure : si vous optez pour une formation, songez au format e-learning. Celui-ci permet d’effectuer sa formation intégralement en ligne, ce qui représente un vrai gain de temps et d’argent. Etant entendu que les formations en ligne éliminent tous les frais « annexes » comme les frais de transport pour se rendre en salle de cours par exemple. Ou encore les frais de restauration !

De plus, les formations en ligne sont éligibles aux mêmes dispositifs de financement (ex. : CPF) que les formations présentielles. Au besoin, vous pouvez en apprendre plus dans notre guide consacré aux solutions de financement des formations professionnelles !

Mais vous pouvez aussi contacter directement nos conseillers si vous le préférez. Ils répondront à toutes vos questions sur les dispositifs de financement et les formations en ligne !

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