Avec la transformation digitale, le management a connu de nombreux bouleversements, à tel point que le rôle de manager est aujourd’hui remis en question. On en vient à se demander s’il est finalement vraiment nécessaire d’avoir des managers au sein des organisations. Ne pourrait-on pas, finalement, se passer d’eux ? Ne risquent-ils pas de disparaître ?
Ce que l’on sait d’ores et déjà, c’est que leur rôle va devoir évoluer vers un management 3.0. Les collaborateurs sont de plus en plus exigeants face à leurs managers, les obligeant à changer leurs comportements, leur manière de penser et d’organiser les projets et les équipes. Mais concrètement, qu’attendent les collaborateurs de leurs managers aujourd’hui ?
De remettre l’humain au coeur des préoccupations
Si le management implique de « ménager », et donc quelque part de « prendre soin de », l’humain a parfois eu tendance, dans certaines organisations, à être mis en côté. En effet, certaines entreprises ont privilégié la rentabilité et la productivité à tout prix, au point de gommer les personnalités de leurs collaborateurs. Résultat ? Elles ont vu leurs équipes se démotiver et de plus en plus de salariés fuir les grandes entreprises pour aller vers des starts-up ou vers le monde du freelancing.
Déjà en 2012, dans leur livre « Innovation participative. Remettre l’humain au cœur des entreprises », Muriel Garcia et Nadège de Peganow abordaient à travers un ouvrage pédagogique, pratique et démonstratif, la démarche d’innovation participative mais surtout les enjeux sociétaux et les défis que devaient déjà, à l’époque, relever les entreprises.
Mais remettre l’humain au cœur des organisations nécessite des efforts et des compétences spécifiques de la part des managers. Les salariés d’aujourd’hui veulent absolument éviter de se sentir comme un numéro parmi tant d’autres.
Ainsi, leurs envies et leurs aspirations devront être prises en compte et le manager devra aussi veiller à créer une organisation qui soit capable de les valoriser. Pour cela, l’écoute sera une qualité indispensable. Ils devront en effet être capable d’entendre les motivations et les besoins de chacun des collaborateurs pour les mettre dans les meilleures dispositions possibles et révéler tout leur potentiel. L’empathie sera donc un savoir-être dont il devra se doter pour être en réussite dans son rôle de manager.
Le manager devra aussi favoriser le plaisir dans le travail. Au-delà de faire en sorte que l’ambiance soit bonne, il s’agira aussi de proposer à ses équipes des challenges et des objectifs à atteindre mais aussi des compétences à acquérir. En effet, la plupart des collaborateurs souhaitent apprendre continuellement, notamment pour les salariés du digital et des nouvelles technologies.
Enfin, l’humain ne devra pas être remis au centre de façon uniquement individuelle. Le collectif devra lui aussi être davantage valorisé et le manager devra faire en sorte d’encourager l’esprit d’équipe et le travail collaboratif. Sans cela, il ne pourra attirer les jeunes talents ou autres profils extrêmement recherchés : ceux-ci sont en effet à la recherche d’organisations capable de miser sur l’intelligence collective et de les laisser exprimer leur créativité en toute autonomie.
De leur redonner de l’autonomie
L’autonomie justement, est un besoin important pour les collaborateurs, et notamment pour les nouvelles générations Y et Z qui arrivent sur le marché du travail, plein d’aspirations et de fortes attentes.
Ils sont à la recherche d’organisations plus flexibles dans lesquelles la hiérarchie n’est que peu présente. Le manager devra donc accepter de perdre du pouvoir et de laisser plus de liberté et d’autonomie à ses équipes.
L’autonomie se traduira aussi par le fait de pouvoir travailler en remote régulièrement. Le télétravail est en effet largement plébiscité par la plupart des salariés qui considèrent à 70% que c’est une bonne chose pour le rythme de vie (Selon une étude IPSOS pour Revolution@work)
Source infographie : Revolution@work
Afin de veiller à ce que les process soient plus souples sans complètement perdre de vue l’activité de ses équipes, le manager devra leur mettre à disposition un cadre (par exemple un nombre de jours de télétravail maximal, des sessions d’échanges et de reporting) et des outils pour collaborer et échanger. Parmi ces outils, Slack est l’un de ceux qui est le plus complet : à la fois messagerie, il permet aussi de créer des conversations (channels) sur un sujet en particulier, d’épingler des documents ou des conversations et même de passer des appels.
D’autres outils comme Trello, permet de favoriser le travail collaboratif. Des tâches peuvent être assignées aux membres de l’équipe et des documents peuvent y être commentés, partagés et updatés au fil du projet.
Le travail à distance présente l’avantage de donner au salarié du temps pour travailler seul dans un environnement plus propice à la concentration : chose importante pour le libérer de l’ébullition des opens space.
De leur redonner du pouvoir
Dans un management plus actuel, l’évaluation des collaborateurs va elle aussi devoir évoluer. S’ils sont déjà régulièrement évalués par leurs managers, le management de demain vise à ce qu’ils le soient aussi par leurs pairs.
Ainsi, tous les salariés auront leur avis à donner concernant les compétences métiers et comportementales (gestion du stress, prise de parole, créativité ou encore sens de l’innovation) des personnes avec qui ils travaillent régulièrement. Le management tend à devenir plus horizontal que pyramidal afin de redonner du pouvoir à tous les niveaux.
L’autonomie passera également par plus de responsabilités données aux salariés. Les managers devront par exemple laisser « ceux qui font » prendre plus de décisions sans forcément devoir à en référer à leurs supérieurs. Cela va obliger les managers à valoriser l’erreur et les échecs potentiels pour encourager les idées et les prises d’initiatives.
Pour aller plus loin, certaines entreprises devraient même commencer à prendre leurs grandes décisions importantes de manière collégiale, avec leurs salariés, pour les intégrer toujours plus dans la vie de l’entreprise. Pouvoir participer à la prise de décisions de son entreprise devrait notamment convaincre les jeunes générations qui cherchent avant tout à mettre du sens dans tout ce qu’ils font, que ce soit dans leur vie personnelle ou professionnelle.
Plus de communication et de transparence
Dans une étude de 2017, l’observatoire du management étudiait la différence de perception entre les actions des managers et le ressenti des collaborateurs. Cette étude montrait déjà à quel point les deux mondes étaient loin de toujours être en phase.
Source image : Observatoire du management Oasys Mobilisation – Kantar TNS – édition 2017
L’un des points de divergence touche à la capacité des managers à donner des feedbacks à leur équipe pour les faire évoluer. Ce point de l’étude est très lié à la communication de manière générale. Celle-ci est un aspect du management considéré comme trop souvent négligé par les collaborateurs mais qui est pourtant primordial pour eux.
La communication est l’outil dont les managers ne peuvent définitivement plus se passer : un bon manager doit savoir communiquer en toute circonstance.
Elle permet, au-delà de désamorcer des situations difficiles, de valoriser ses équipes et de leur signifier de la reconnaissance. Les salariés attendent d’ailleurs des managers qu’ils communiquent souvent et surtout, qu’ils soient le plus transparent possible. Le manager devra donc faire preuve d’honnêteté et surtout ne rien leur cacher, au risque de perdre leur confiance et de les démotiver fortement. En effet, si, en tant que manager, vous n’êtes pas honnête avec vos collaborateurs, pourquoi le seraient-ils avec vous ?
Le besoin de reconnaissance implique aussi celui de remerciements. En tant que manager, utilisez le mot « merci » sans modération. Remerciez vos équipes quotidiennement pour le travail accompli et encouragez-les pour les projets à venir. N’hésitez pas également à célébrer les réussites ou les sorties de périodes difficiles mais aussi à revenir sur les échecs potentiels.
Enfin, en termes de communication, les salariés attendront de leur manager autant sur le fond que sur la forme. Le manager devra ainsi s’exprimer avec assurance, envie et clarté en garder en tête les objectifs qu’ils souhaitent que son équipe atteigne.
Un leader plus qu’un donneur d’ordre
L’évolution du manager va devoir passer par un changement de son statut et de son rôle. Longtemps considéré comme un donneur d’ordre ou encore un simple « contrôleur des travaux finis », on attend aujourd’hui de lui qu’il trouve des solutions et donne de l’information.
Le manager doit aujourd’hui se positionner comme un mentor, un véritable capitaine de bateau qui cherchera à donner un cap à son équipage et à le maintenir. Véritable moteur, il devra donner envie aux autres de le suivre et être capable de les motiver et de les inspirer. Pour cela, le manager devra faire preuve d’une personnalité enjouée, afficher sa joie de vivre et être capable de la communiquer mais aussi savoir laisser ses états d’âme et son stress de côté. En effet, l’énergie qu’il dégagera fera forcément ricochets sur ceux qui l’entourent.
Source image : AcSa Coaching
Une autre révolution risque de continuer à largement bouleverser le management dans les mois à venir : celle de l’arrivée en masse des freelances dans les organisations. Ces ressources qui ne sont ni salariées ni complètement extérieures vont sans doute demander une attention toute particulière aux managers, pour les intégrer au sein des équipes sans les priver de leur liberté.