La VAE : utile pour valider ses compétences mais pas forcément
un accélérateur de carrière

Créée en 2002, la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) est peu à peu entrée dans les mœurs. Mais si elle est effectivement très utile dans certains cas, elle ne fait pas toujours office de tremplin à l’évolution professionnelle. Vous vous demandez à quoi sert exactement la VAE ? Dans quelles circonstances faut-il y faire appel ou au contraire privilégier une formation professionnelle ? Voire même s’il est possible d’associer ces deux dispositifs pour accélérer votre carrière ? On répond à toutes vos questions !

VAE : définition

Instaurée par la loi de la modernisation sociale, la VAE permet à toute personne d’obtenir un diplôme, un certificat ou autre titre enregistré au RNCP (Répertoire National des Compétences Professionnelles) en faisant valider ses compétences acquises grâce à son expérience professionnelle ou ses missions de bénévolat.

Ce dispositif s’adresse donc essentiellement aux professionnels autodidactes ou ayant appris leur métier « sur le tas », ne disposant d’aucun diplôme en adéquation avec les fonctions qu’ils exercent. Il est accessible à tous les français, quels que soient leur âge et leur statut professionnel : salarié, indépendant, chef d’entreprise, demandeur d’emploi… La seule véritable condition pour accéder à la VAE est de pouvoir justifier d’une expérience professionnelle ou bénévole d’au moins 1 an, en rapport avec le diplôme désiré. Ce dernier peut aussi bien être un BTS (Bac + 2) qu’une licence (Bac +3) ou un Master (Bac + 5) : tous les niveaux d’étude sont représentés.

A noter également que :

• la loi parle de durée cumulée et non de durée continue. Vous pouvez donc faire appel à la VAE même si votre expérience est fractionnée dans le temps ;
• légalement, un diplôme délivré par VAE a la même valeur que si vous l’aviez obtenu grâce à une formation classique.

Comment se déroule la VAE ?

Contrairement à une idée répandue, la VAE n’est pas qu’une simple formalité. Elle nécessite au contraire beaucoup de réflexion et d’effort : en moyenne, il faut compter entre 6 et 12 mois de préparation pour obtenir enfin le précieux titre, certificat ou diplôme convoité.

Vous devez d’abord trouver la certification qui correspond le mieux à votre expérience. Pour cela, vous pouvez utiliser directement le moteur de recherche du RNCP mais il faut reconnaître que cette étape est assez délicate : il peut être intéressant de contacter un centre de conseil sur la validation des acquis de l’expérience de votre région pour trouver plus facilement le bon diplôme. Le conseiller vous aidera à identifier la certification la plus adaptée et vous donnera toutes les informations utiles concernant le déroulement de la VAE, les solutions de financement etc.

Reste ensuite à :

• adresser votre demande de VAE à l’organisme délivrant la certification visée. Pour cela vous devez remplir un dossier de recevabilité, en y joignant divers justificatifs  (ex. : bulletins de salaire, contrat de volontariat associatif) ;
• remplir votre dossier de validation en analysant et décrivant vos compétences ;
• passer devant un jury constitué de formateurs et de professionnels de votre domaine d’activité.

Après avoir statué sur votre cas, le jury peut décider de :

• valider totalement vos compétences, ce qui vous permet d’obtenir votre diplôme ;
• valider seulement une partie de vos compétences. Vous pourrez alors essayer de faire valider celles qui vous manquent plus tard pour obtenir votre diplôme : il n’y aucune limite de temps ;
• refuser totalement la validation des compétences.

Ne confondez pas VAE, VAP et formation professionnelle continue

Du moment que vous avez suffisamment d’expérience et toutes les compétences nécessaires, la VAE vous permet d’obtenir le diplôme visé sans suivre de formation : le but n’est pas d’apprendre quelque chose de nouveau mais de faire reconnaître officiellement les compétences déjà acquises grâce à votre travail ou vos missions de bénévolat. Cela étant dit, si le jury ne valide qu’une partie des compétences, il peut être nécessaire de suivre une formation pour valider les modules restants…

A contrario, les formations professionnelles accessibles dans le cadre de la formation continue, comme les Executive MBA par exemple, visent une montée en compétences : elles peuvent vous permettre de vous approprier les techniques de management à l’ère du digital ou encore de maîtriser les toutes dernières techniques de web marketing. A leur terme vous obtenez un diplôme ou une autre certification validant officiellement vos acquis. Elles sont généralement suivies pour :

• accélérer sa carrière ;
• réussir sa reconversion professionnelle ;
• se préparer à créer et diriger sa propre entreprise ;
• ou simplement mettre à jour et optimiser ses connaissances pour les formations courtes.

Les Executive-MBA et autres formations sont donc très pratiques pour évoluer sur le plan professionnel ou se maintenir dans l’emploi mais il faut remplir toutes les conditions d’admission : un diplôme de niveau Bac +3 ou supérieur peut être requis pour intégrer les cycles longs de haut niveau par exemple…

Cependant, ces cursus restent tout de même accessibles aux autodidactes grâce à la VAP (Validation des Acquis Professionnels) : ce dispositif vous permet d’intégrer directement une formation sans avoir le diplôme demandé, en faisant valider votre expérience professionnelle, qu’elle soit salariée ou non et toutes les compétences acquises en-dehors du système classique d’étude. En d’autres termes, la VAP vise à démontrer que vous avez le niveau nécessaire pour suivre les cours : au besoin, les conseillers des organismes de formation sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches.

Pourquoi faire une VAE ?

Si le métier que vous exercez actuellement vous passionne mais que vous envisagez de changer d’entreprise ou encore de devenir freelance, il peut être intéressant de faire une VAE  : le diplôme obtenu vous permettra de prouver votre expertise aux yeux de votre futur employeur ou de vos futurs clients.

Certains candidats à la VAE ont également recours à ce dispositif dans l’espoir d’être promus à un poste plus élevé et/ou d’être mieux rémunérés. Mais s’il est vrai que les diplômes peuvent avoir une influence sur le salaire, retenez que votre employeur n’est pas obligé de vous accorder une augmentation suite à votre VAE, sauf accord particulier entre vous ou dispositions prises dans les conventions collectives.

A toutes ces raisons, il faut aussi ajouter le besoin d’être reconnu officiellement : le poids des diplômes est si important en France que certains salariés, chefs d’entreprise et autres autodidactes ayant acquis la plus grande partie de leurs compétences sur le terrain ne se sentent pas légitimes pour diriger les membres de leur équipe – moins expérimentés qu’eux certes mais détenteurs de meilleures certifications – donner leur avis lors des réunions, représenter leur entreprise à l’extérieur etc. Si vous êtes dans ce genre de situation, faire une VAE peut vraiment être une bonne solution : en elle-même, elle ne fera pas forcément évoluer votre carrière mais elle peut renforcer votre confiance en vous et vous aider à vous sentir plus épanoui au travail.

Résumé des principales utilités de la VAE d’après vae.gouv

Quels sont les réels bénéfices de la VAE en termes d’évolution de carrière ?

Question délicate : la VAE étant un dispositif relativement récent, peu d’études s’y sont déjà intéressées et celles se concentrant sur « l’après VAE » sont encore plus rares… On peut quand même citer l’étude publiée en 2016 sur Ripes (Revue Internationale de Pédagogie de l’Enseignement Supérieur), réalisée auprès de 223 candidats ayant suivi une procédure de VAE « pour des diplômes allant du diplôme universitaire de technologie ou de la licence jusqu’au master 2. »

Il en résulte que la VAE peut avoir de très bons résultats dans certains cas (24 % des répondants ont connu un changement de statut professionnel et une augmentation de salaire) mais que ses effets en terme d’évolution professionnelle sont loin d’être garantis à 100 % :

•  22% des répondants ont plutôt connu une « évolution indirecte » comme un retour à l’emploi ou un changement d’employeur par exemple ;
• 36% attendaient encore une évolution professionnelle depuis leur VAE. Pour certains d’entre eux, depuis une dizaine d’années ;
• 18 % ont indiqué qu’ils n’avaient connu aucune évolution salariale ou professionnelle après leur VAE. Une partie d’entre eux ont ensuite entamé une formation professionnelle pour faire avancer leur carrière tandis que d’autres se disaient pleinement satisfaits de leur situation, leur objectif n’ayant jamais été de progresser grâce à la VAE mais plutôt de mettre leur diplôme en adéquation avec leur poste.

Fait intéressant : l’étude révèle aussi que prévenir son employeur en amont optimise les chances de voir sa VAE reconnue au sein de l’entreprise.

Extrait de l’étude publiée dans Ripes. Source : journals.openedition

Il semblerait aussi que la VAE puisse avoir des effets contre-productifs dans certains cas (mais cela reste assez rare) :

Source : journals.openedition

En définitive, faut-il opter pour une VAE ou pour la formation professionnelle continue ?

Il n’y a pas de réelle raison de mettre ces deux dispositifs en concurrence. D’une part, parce qu’ils répondent à des besoins et des objectifs très différents. Pour bien choisir entre la VAE et une formation, vous devez surtout prendre le temps de bâtir votre projet professionnel et d’identifier les compétences nécessaires pour atteindre votre objectif : à ce stade passer un bilan de compétences peut être utile. Si votre expérience vous a déjà permis d’acquérir toutes celles dont vous avez besoin, la VAE est un choix logique : il n’y a aucun intérêt à « réapprendre » ce que vous savez déjà. Intégrez plutôt une formation – en ayant éventuellement recours à la VAP – si vous avez besoin de maîtriser de nouvelles compétences pour réorienter votre carrière dans le digital par exemple ou encore pour apprendre à manager efficacement une équipe si vous voulez évoluer vers un poste à hautes responsabilités.

D’autre part, retenez que ces deux dispositifs peuvent se compléter au besoin. En cas de validation partielle de la VAE, vous pouvez suivre une formation pour valider les modules qui vous manquent par exemple. De même, de nombreuses personnes ayant suivi une VAE entament par la suite une formation soit parce que la VAE n’a pas suffit à elle seule à faire progresser leur carrière, soit parce que l’obtention de leur diplôme leur a redonné confiance en elles et l’envie de monter en compétences pour gravir les échelons hiérarchiques…

En conclusion : il ne faut pas voir la VAE et les formations professionnelles comme des « sœurs ennemies » mais plutôt comme des dispositifs complémentaires pouvant vous aider à accélérer votre carrière. Retenez également que les outils, techniques et stratégies évoluent très vite depuis la révolution digitale, notamment dans le domaine de la communication et du marketing : même si vous optez aujourd’hui pour la VAE, vous devrez sans doute suivre des formations, courtes ou longues, pour actualiser vos connaissances et acquérir de nouvelles compétences dans l’avenir.