Journée du droit des femmes : quelle égalité professionnelle en 2023 ?

La journée du droit des femmes, c’est aujourd’hui. L’occasion d‘aborder le sujet de l’égalité professionnelle, que nous affectionnons particulièrement dans l’équipe ! Alors, OK, il s’agit d’un vaste sujet qui n’a pas fini de faire couler de l’encre ou crépiter les claviers des ordinateurs. Pourtant, vous savez quoi ? La France serait la championne du monde de l’égalité hommes-femmes au travail. Si, si ! C’est un très sérieux classement, paru début mars 2023 et issu d’Equileap le spécialiste de l’accélération de l’égalité des sexes, qui le dit. Il paraîtrait même que ce n’est pas la première année que nous arrivons en pole position. Je ne sais pas vous, mais, nous, cette affirmation nous a laissée pantois. Il n’en fallait pas plus pour que nous menions l’enquête.

Alors, vrai ou faux ? Que disent les chiffres de l’index sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ? Quelles perspectives pour 2023 ? Nous vous livrons notre analyse, encore une fois, détaillée. De quoi débattre allègrement à la pause déjeuner. En prime : un petit mode d’emploi, sur fond de rappel, qui fait du bien.

Égalité professionnelle et journée du droit des femmes : état des lieux

La France, championne du monde de l’égalité professionnelle ?

Pour la deuxième année consécutive, la France est championne du monde de l’égalité professionnelle. Et, non, ce n’est pas une blague. Si en tant que femme vous vous sentez discriminée par votre entreprise pour une raison ou pour une autre, on vous imagine déjà sauter de votre chaise. Alors, revenons sur les critères de ce classement ! Sachez tout d’abord que cette étude a été réalisée auprès de 4 000 grandes entreprises qui affichent une capitalisation boursière d’au moins deux milliards de dollars.

En France, on parle bien sûr de L’Oréal, Orange, Sanofi… 14 entreprises qui ont vu leur conseil d’administration, leur comité exécutif, leurs cadres supérieurs et l’ensemble des salariés restants, passer au crible. Plusieurs critères que vous pouvez retrouver ci-dessous ont ensuite été analysés tels que la flexibilité des modes de travail, le congé parental, le sentiment de sécurité au travail, la progression des femmes sur des postes à responsabilité, l’écart de rémunération hommes-femmes… Et, sur ce dernier point, sachez que la France affiche des résultats pas vraiment pas jolis jolis. Tout comme sur la représentation des femmes dans les comités de direction. Qu’à cela ne tienne, nous sommes les premiers ! Hourra !

Pourtant, quand on lit les seuls témoignages du compte Instagram « Balance Ta Start-Up« , on a de quoi sérieusement douter. Et c’est sans compter sur le nombre de nos connaissances qui ont vécu une situation complexe au travail en raison de leur genre. Alors, poursuivons l’enquête !

5 chiffres à connaître sur le droit des femmes en France et dans le monde

C’est bien beau tout cela mais les inégalités persistent toujours. L’association Oxfam a recensé des chiffres clés sur les droits des femmes en France et dans le monde. Nous en avons sélectionné certains. Ces derniers ne concernent, bien sûr, pas la seule égalité professionnelle. Ils donnent toutefois un aperçu du chemin qu’il nous reste à parcourir.

• Les femmes reçoivent une rémunération inférieure de 15,8 % à celle des hommes pour le même poste. Au niveau mondial, le salaire des femmes équivaut à 77 % de celui des hommes.
• En France, 53 % des personnes vivant dans la pauvreté sont des femmes, tandis que, dans le monde, cette proportion s’élève à 60 % ;
• Environ 20 % des femmes ne travaillent pas pour souscrire à des obligations familiales, contre 4 fois moins pour les hommes ;
• 40 % des hommes considèrent normal que les femmes cessent d’exercer une activité rémunérée pour s’occuper de leur famille ;
• 9 femmes sur 10 contournent les actes sexistes grâce à des stratégies d’évitement.

On le voit donc, sur le seul sujet de l’égalité salariale, le problème reste entier. Et, pourtant, le gouvernement s’était fixé l’objectif d’atteindre l’égalité salariale d’ici 2022. Nous sommes en 2023… Les choses ont-elles évolué ? Certes plusieurs mesures ont été mises en place. Nous pensons notamment à la publication de l’index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui permet aux entreprises de mesurer et de comparer leur performance en matière d’égalité salariale. Zoom sur les chiffres qui viennent de sortir.

Les chiffres de l’index sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ont parlé

Elles avaient jusqu’au 1^er mars 2023 pour afficher leur index sur l’égalité professionnelle sur leur site Internet. Les entreprises de plus de 50 salariés ont, en effet, été soumises à cette mesure gouvernementale. Les entreprises de plus de 1 000 salariés devaient, quant à elles, publier « les écarts éventuels de représentation entre les femmes et les hommes parmi leurs cadres dirigeants et les membres de leurs instances dirigeantes« . C’est ce que nous dit le site du Ministère du Travail, du plein emploi et de l’insertion. Et les critères ne s’arrêtent pas là puisque le calcul de cet index, qui se concrétise par l’attribution d’une note sur 100, comprend également :

• L’écart de rémunération entre les salariés hommes-femmes ;
• Le nombre de salariées ayant bénéficié d’une augmentation à leur retour de congé maternité ;
• L’écart de taux d’augmentations individuelles ;
• La juste représentation des femmes au sein des 10 personnes les mieux rémunérées de l’entreprise.

En cas de non-respect de l’obligation de publication de leur indice, les organisations concernées s’exposent à une pénalité financière. Celle-ci peut représenter jusqu’à « 1 % de la masse salariale due au titre des périodes durant lesquelles elles ne remplissent pas cette obligation » (sources : Les Échos Annonces légales). Une sanction qui s’applique aussi si la publication reste délibérément floue ou qu’aucune mesure n’est entreprise pour rectifier le tir.

Les résultats pour 2023 viennent d’être publiés aujourd’hui et, malgré une légère amélioration des chiffres, il reste des progrès à faire. Si la moyenne déclarée par les entreprises est en augmentation (88/100 en 2023, contre 86/100 en 2022 et 84/100 en 2020), seulement 2 % des entreprises ont une note de 100. Côté négatif : 77 entreprises ont encore une note inférieure à 75 points… et cela depuis 2020 !! Vous voulez en savoir plus ? Le rapport complet et l’infographie sont consultables ici.

Mode d’emploi pour atteindre (enfin !) l’égalité professionnelle en 2023

1. Comprendre enfin ce qu’est l’égalité professionnelle

Parfois, mieux vaut reprendre à la base même du problème. Ceci afin d’être certain d’avoir tous la même définition de l’égalité professionnelle. Un concept qui n’a rien de nouveau et qui, pourtant, évolue difficilement au fil des années. Et, non, il ne s’agit pas uniquement de rémunération, comme vous avez pu le constater juste avant, même si le sujet revient beaucoup.

Le site de l’Aract (Agence Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) le qualifie comme « l’égalité de traitement et des chances entre les femmes et les hommes en termes d’accès à l’emploi, mais également à la formation, à la mobilité et à la promotion ou encore à l’égalité salariale. »

Les entreprises doivent donc respecter un certain nombre de principes :

• Pas de discrimination à l’embauche ;
• Zéro différenciation de salaire et de déroulement de carrière ;
• Information des salariés actuels et des candidats et application de mesures de prévention du harcèlement sexuel ;
• Informations mises à disposition des représentants du personnel sur le sujet en prenant en compte les données économiques et sociales.
  

2. Saisir les enjeux de l’égalité professionnelle

Eh oui, malheureusement en 2023, de nombreuses personnes ne comprennent pas pourquoi il faudrait favoriser l’égalité professionnelle. Les femmes ne sont-elles pas faites pour rester à la maison ? Trêve de plaisanterie : une mise au point s’impose. La première réponse que nous avons envie de vous donner c’est : parce que c’est normal, évident, logique. Ensuite, parce que les femmes ont autant d’atouts et compétences que les hommes, et puis c’est tout !

Enfin, parce qu’une entreprise qui, à l’heure actuelle, se pose encore la question du pourquoi n’est pas du tout attractive et risque bien de rebuter de nombreux candidats aussi bien hommes que femmes. Alors, au moins (par pitié !), pensez à votre marque employeur dont nous vous parlions justement dans notre dernier article. Enfin, si vraiment vous n’y mettez pas du vôtre, sachez que c’est une obligation légale. Voilà, tout est dit !

3. Former ses salariés : RH, managers et autres

Nous ne le répéterons jamais assez : la formation est la clé pour faire évoluer les choses. Vos RH doivent donc bénéficier des compétences suffisantes en la matière. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à leur proposer des formations de type « Gestion de la diversité« . Ils y apprendront à :

• Comprendre les fondements de la non-discrimination ;
• Sécuriser les pratiques RH en identifiant les comportements à risque ;
• Prévenir la discrimination dans le cadre d’un recrutement et d’une évolution de carrière ;
• Sensibiliser et impliquer tous les acteurs pour lutter contre la discrimination.

Le module « Recrutement inclusif » sera, lui aussi, particulièrement utile et complémentaire. Au même titre que celui sur « Les fondamentaux du droit social et du travail« . Enfin, n’oubliez pas de former les managers et salariés sur ces sujets. Il est important de détecter ceux qui en ont besoin aujourd’hui pour éviter de vous retrouver face à des problématiques plus tard.

4. Accepter d’évoluer, tout simplement !

Eh oui, les temps ont changé ! À une époque pas si lointaine, les femmes ne travaillaient pas et le monde tournait pourtant rond… ou pas ! Alors, le seul conseil que nous pourrions vous donner, c’est d’élargir vos horizons, de lire des articles sur le sujet, de changer de prisme…

Le but ? Attirer de jeunes générations, booster votre performance et pouvoir avoir de vraies discussions lors des repas de famille avec des personnes de sexe différent ou (qui sait ?) non-binaire. Finalement : suivez les obligations légales ! Cela vous évitera des sanctions et des insomnies le soir.

En conclusion : peut mieux faire !

Le chemin est encore long vers l’égalité professionnelle. Et, pourtant, il y a de la progression. L’aspect rassurant (ou pas) c’est qu’en France, nous ne sommes pas les pires. Nous serions même les meilleurs… sur 14 entreprises, parmi les plus grosses et, donc, soumises à l’index de l’égalité professionnelle. Du côté des chiffres de ce fameux index, les résultats 2023 sont, somme toute, décevants. On attend, pourtant, beaucoup des lois mises en place ces dernières années. Ainsi, calmons notre fierté nationale et reprenons les « armes » pour faire avancer les choses. Parmi elles, la formation. Donc, si vous en ressentez le besoin, c’est par ici que ça se passe.

Et si vous vous demandez si cet article a été écrit par une femme : oui, vous avez raison, c’est bien le cas ! Mais un homme aurait tout aussi bien pu le faire avec la même volonté de voir les choses évoluer ! Alors, merci à ceux qui ont pris la plume lors de cette journée pour écrire sur ce sujet, ô combien important !