Face aux évolutions des technologies et des méthodes de travail, votre employeur doit vous former régulièrement pour maintenir votre employabilité. Mais rien ne vous interdit de demander vous-même à suivre une formation, que ce soit pour évoluer vers un poste à hautes responsabilités, changer de métier ou même vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Reste toutefois la délicate question du financement : on fait le point sur les principaux dispositifs à votre portée et les bonnes pratiques à connaître pour vous aider à obtenir facilement la prise en charge de votre formation.
Première étape : mûrir votre projet
Prendre le temps de définir votre objectif professionnel est essentiel pour convaincre votre financeur du sérieux de votre démarche et choisir la formation la plus adaptée à votre situation. En tout premier lieu, nous vous conseillons de passer un bilan de compétences. Effectué dans un centre spécialisé, il vous aide à cerner précisément vos capacités professionnelles actuelles, à faire le point sur vos envies et à déterminer vos besoins en formation pour faire évoluer votre carrière dans la direction souhaitée.
Il existe également une option intéressante si vous envisagez de vous reconvertir : découvrir le métier de vos rêves lors d’une immersion d’un jour ou plus en entreprise grâce à Test Mon Job ou TestUnMetier par exemple. C’est une bonne façon de vous confronter au quotidien d’un community manager ou encore d’un développeur web mais les expériences peuvent être plus ou moins onéreuses selon l’organisme. Même si certaines entreprises acceptent de financer le stage d’immersion de leurs employés, ce n’est pas systématique : comparez bien les offres existantes avant d’arrêter votre choix.
Enfin, si vous projetez de créer ou reprendre une entreprise, nous vous conseillons de faire une solide étude de marché voire même un véritable business plan si vous êtes déjà en mesure de définir votre modèle économique et votre stratégie marketing. Ces documents peuvent être d’une aide précieuse pour convaincre votre financeur du potentiel de votre projet.
Sélectionnez votre formation
A ce stade, vous savez normalement quelles compétences vous devez développer et/ou quelle certification professionnelle il vous faut. Cela facilite la recherche de votre formation mais pour finaliser votre choix prenez aussi en compte :
- votre rythme de vie. Pouvez-vous étudier le weekend ou le soir, à la sortie du bureau ? Ou préférez-vous vous former durant votre temps de travail ?
- l’endroit où sont dispensés les cours. Plus l’organisme est loin de votre domicile, plus il y aura de frais annexes à couvrir (ex. : déplacements, restauration, hébergement, garde d’enfant). A moins d’opter pour une formation à distance en digital learning bien sûr ;
- la réputation de l’organisme de formation, en consultant les témoignages d’anciens apprenants ;
- la valeur de la certification visée. Est-elle inscrite au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) ou au RS (Répertoire Spécifique) ? Il s’agit d’un point important car sans reconnaissance officielle, vous ne pourrez pas faire appel à certains dispositifs de financement.
Prenez ensuite contact avec l’organisme pour obtenir un devis, le programme et le planning de votre formation.
Etudiez les dispositifs de financement disponibles
Le plus simple est d’en parler directement avec le conseiller de votre organisme de formation : il peut vous orienter vers les bons dispositifs et vous expliquer en détail leur fonctionnement. Mais à titre informatif voici les principales solutions de financement pour la formation des salariés.
Le Compte Personnel de Formation
Consultable depuis moncompteactivite.gouv, votre CPF vous permet de financer de nombreuses formations inscrites au RNCP : pour faciliter vos recherches, le site propose une liste complète des formations éligibles à ce dispositif.
Ce compte vous appartient, ce qui signifie que vous pouvez l’activer à votre convenance, sans même en informer votre employeur si vous décidez de vous former en dehors de votre temps de travail.
En revanche, si vous voulez obtenir une participation financière de votre entreprise pour compléter votre CPF – le montant de ce dernier étant plafonné, il est souvent insuffisant pour couvrir intégralement le coût d’une formation longue – vous devrez forcément en parler à votre employeur…
De même, vous devez le prévenir si vous souhaitez vous former durant votre temps de travail via le CPF de transition.
« Le projet de transition professionnelle (PTP), ex-Cif, permet au salarié de s’absenter de son poste afin de suivre une formation pour se qualifier, évoluer ou se reconvertir. Il est appelé CPF de transition. Il est ouvert sous conditions et est accordé sur demande à l’employeur. Le salarié est rémunéré pendant toute la durée de la formation. » Source : travail-emploi.gouv
A noter : pour bénéficier du CPF de transition, il faut pouvoir justifier d’une activité salariée d’au moins 2 ans, consécutifs ou non, dont 1 an dans la même entreprise.
Renseignez-vous sur les aides régionales
Même si les régions financent principalement les formations professionnelles des jeunes et des demandeurs d’emploi, les salariés souhaitant acquérir de nouvelles compétences ou créer une entreprise peuvent également avoir accès à des aides ! Bien sûr, tout dépend de votre situation exacte et des critères retenus par votre région : pour connaître les conditions d’exigibilité, contactez votre conseil régional.
Combiner VAE et formation : une piste intéressante dans certains cas
Pour rappel, la Validation des Acquis de l’Expérience, dite VAE, ne permet pas en elle-même d’acquérir de nouvelles compétences. En effet, le but de ce dispositif est de faire reconnaître officiellement celles que vous maîtrisez déjà grâce à votre expérience sur le terrain. En pratique, vous devez monter un dossier comprenant différentes preuves de vos capacités puis passer devant un jury pour obtenir une Certification Professionnelle en adéquation avec votre poste.
Son principe est donc radicalement différent de celui d’une formation… Cependant, dans le cadre d’une expérimentation menée jusqu’au 31 décembre 2021, vous pouvez utiliser la VAE pour valider « seulement » un ou plusieurs des blocs de compétences nécessaires à l’obtention d’une Certification Professionnelle.
Consultez le Guide de la Validation des Acquis de l’Expérience
Il est ainsi envisageable d’utiliser la VAE pour valider au moins un bloc de compétences de la certification visée (sous réserve qu’elle fasse partie de la liste définie par l’arrêté ministériel) ET de vous former pour valider le ou les blocs restants. Vous trouverez d’ailleurs des formations axées spécifiquement sur l’acquisition d’un bloc de compétences, tel le cursus Développement commercial et marketing à l’ère du digital par exemple !
But de la manœuvre : réduire le coût total de votre formation pour faciliter son financement. A noter cependant que, même si la VAE n’entraîne pas de frais pédagogiques, elle n’est pas forcément 100% gratuite pour autant : il peut y avoir des frais d’accompagnement (éventuellement pris en charge par votre CPF) à prendre en compte ou encore des frais de jury, même si certains organismes pratiquent la gratuité.
Demandez une participation à votre employeur
Reste enfin la possibilité de solliciter l’aide de votre entreprise pour financer tout ou partie de votre formation. Depuis le 1er janvier 2019, vous pouvez notamment faire appel au dispositif de reconversion ou promotion par l’alternance (Pro-A) si vous êtes en CDI ou en CUI à durée indéterminée ET si vous n’avez pas encore de certification professionnelle enregistrée au RNCP correspondant au moins au grade de la licence. En effet, ce dispositif est spécifiquement conçu pour favoriser le maintien dans l’emploi des salariés les moins qualifiés : s’il peut être activé à l’initiative de votre employeur dans le cadre du plan de développement des compétences de l’entreprise, vous pouvez lui en faire vous-même la demande, en lui adressant une lettre recommandée avec accusé de réception.
En pratique, si votre demande est acceptée, votre action de formation sera formalisée par un avenant à votre contrat de travail, vous permettant de vous former en alternance pendant 6 à 12 mois. Concrètement cela signifie que vous alternerez entre périodes d’enseignement pratique au sein de votre entreprise (sous la direction d’un tuteur désigné par votre employeur) et périodes de cours théoriques dispensés par un organisme de formation ou l’entreprise elle-même dans certains cas.
Bon à savoir : vous bénéficiez toujours des prestations de la Sécurité Sociale (ex : couverture maladie) durant votre formation. Si celle-ci se déroule durant votre temps de travail, vous conservez également votre rémunération habituelle.
Bonnes pratiques pour effectuer votre demande de financement
Focus sur le CPF
Si votre solde couvre tous vos frais de formation et que vous comptez suivre vos cours en-dehors de votre temps travail, l’activation de votre CPF ne devrait être qu’une formalité : rendez-vous sur moncompteactivite.gouv et suivez les instructions pour constituer votre dossier. Ce dernier sera ensuite validé par votre OPCO (Opérateur de Compétences).
Pour utiliser le CPF de transition, n’oubliez pas d’adresser une lettre recommandée avec accusé de réception à votre employeur en indiquant :
- la date et l’intitulé de la formation ;
- sa durée ;
- le nom de l’organisme de formation.
Votre demande doit être déposée au moins 60 jours avant le début de vos cours si votre formation dure moins de 6 mois ou s’effectue à temps partiel. Pour les formations de plus de 6 mois et/ou s’effectuant à temps plein, le délai légal passe à 120 jours.
Si vous n’avez toujours aucune réponse de votre employeur au bout de 30 jours, cela équivaut à un accord !
Conseil : pour que votre demande soit acceptée du premier coup, posez votre congé de formation en-dehors des périodes les plus « tendues » pour votre entreprise. Si votre employeur ne peut pas se passer de vous aux dates demandées, il est en droit de différer votre congé (report de 9 mois maximum). En revanche, il ne peut pas vous opposer un « non » définitif si vous avez effectué votre demande dans les règles : vous n’avez même pas besoin de le convaincre de l’intérêt de votre formation tant que vous ne sollicitez aucune participation financière de sa part.
Comment convaincre les financeurs ?
Que vous souhaitiez obtenir le soutien de votre employeur ou du conseil régional, il y a une grande règle à respecter : vous devez prouver à votre interlocuteur qu’il a tout à gagner à financer votre formation.
Par exemple, en tant que futur entrepreneur, vous pouvez démontrer que votre projet boostera l’économie régionale, étude de marché à l’appui mais que vous avez vraiment besoin d’acquérir des compétences en management pour parvenir à vos fins.
Si vous devez plutôt convaincre votre employeur, mettez en avant :
- le fait que vos nouvelles compétences seront utiles au développement de l’entreprise (ex. : avantage concurrentiel grâce à la maîtrise d’une nouvelle technologie) ;
- la possibilité de financer une partie de la formation grâce à votre CPF ;
- l’absence de frais de déplacement et d’hébergement si vous avez opté pour le digital learning.
Nous vous conseillons aussi d’anticiper les questions et les doutes de votre employeur (ex. : devez-vous vous absenter longtemps ? Serez-vous en poste aux moments forts de l’année ? ) et de venir à l’entretien avec un planning précis, comme l’a fait Valérie Fioux, Webmaster à la Fédération Française de Cyclisme.
En suivant toutes ces recommandations, vous devriez obtenir facilement une réponse positive à votre demande !
Mais en cas de difficultés, n’oubliez pas que le conseiller de votre organisme de formation est là pour vous aider à surmonter les imprévus !