Dans le cadre de la réalisation du Guide des métiers du marketing et de communication VISIPLUS academy, nous avons une nouvelle fois donné la parole aux professionnels. Notre objectif ? Donner une vision à la fois globale et précise de chaque métier du secteur.
Immersion le monde des responsables éditoriaux avec Guillaume Jouteux, responsable éditorial pour Canal +.
VISIPLUS academy : Pourriez-vous présenter et revenir brièvement sur votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans votre poste actuel ?
Guillaume Jouteux : «Après des études de Communication, j’ai été recruté par TF1 (suite à deux stages successifs) pour être tour à tour, attaché de presse, rédacteur, journaliste puis responsable de la presse des sports. En 2006, Canal + m’a recruté comme responsable adjoint de la communication.
Fin 2010, je me suis orienté vers un autre domaine que la communication, en rejoignant la Distribution et le pilotage de projets stratégiques (rien à voir avec mes expériences passées si ce n’est que bien communiquer est toujours utile surtout pour faire avancer des projets).
Il y a un an, j’ai rejoint la direction marketing en tant que Responsable éditorial. Un poste qui se trouve en quelque sorte au carrefour de toutes mes expériences passées et qui m’a permis de retrouver ce qui me plaît le plus, les contenus (les programmes TV). »
VISIPLUS academy : Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
Guillaume Jouteux : «En résumé, mon métier consiste (dans les grandes lignes) à assurer une cohérence éditoriale sur tous les supports (digitaux, interfaces TV + MEA FAI, Print, internet) en mettant en avant les programmes TV CANAL (chaînes C+ mais aussi les chaînes éditées par OCS, Disney, Eurosport, M6 ou TF1). C’est-à-dire, sélectionner les meilleurs programmes pour ensuite en assurer la promotion en interne et en externe avec l’ensemble de nos partenaires (avec les mêmes beaux et bons visuels, les bonnes accroches, les bonnes infos programmes).
Pour ce faire, Il faut évidemment bien connaître les contenus TV, avoir une sensibilité artistique, être curieux, diplomate, capable de passer d’un sujet à un autre avec une certaine facilité.»
VISIPLUS academy : Quelles sont les différentes missions liées à votre travail ? Comment se déroule une journée type ?
Guillaume Jouteux : « Ce que je trouve formidable dans mon travail c’est qu’aucune journée ne se ressemble. Car mon travail consiste à effectuer plusieurs tâches bien différentes.
Il y a la gestion de toutes les interfaces, des prestataires, la relation avec les éditeurs extérieurs, la sélection des temps forts programmes puis leur communication en interne et externe en fonction des offres associées, les briefs des équipes artistiques pour faire des boucles vidéos (qui alimentent ensuite les boutiques FAI, certaines interfaces digitales, les écrans d’accueils des TV…), des conseils puis les validations de tous les supports commerciaux (print ou digital), la relation avec certains partenaires distribuant nos offres et mettant en avant nos contenus (Apple, Google…). »
VISIPLUS academy : Que préférez-vous dans ce métier ?
Guillaume Jouteux : « Travailler sur une matière en constante évolution avec de nombreux interlocuteurs aux problématiques ou objectifs souvent bien différents.»
VISIPLUS academy : Quelles sont les évolutions professionnelles possibles selon vous ? Est-il possible d’évoluer vers d’autres métiers ? Lesquels ?
Guillaume Jouteux : « Tout est possible. Mais après quelques temps dans ce métier, il est possible d’évoluer vers de nombreuses fonctions liées notamment aux contenus éditoriaux, à de l’animation digitale, au marketing ou à la communication. Vous pouvez évoluer dans une agence ou une grande entreprise. Diriger une chaîne TV ou devenir chef de produit.»
VISIPLUS academy : Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui voudraient accéder ce type de fonction ?
Guillaume Jouteux : « Effectuer un stage dans une structure habituée à traiter du contenu. Après, il existe des écoles où l’on forme à la communication, au traitement de l’information ou à tout ce qui fait la force d’un produit ou d’une marque (marketing) ; ce qui n’est pas suffisant pour exercer ce métier qui nécessite de l’expérience et pas mal de connaissance liée à l’activité même. Mais dans tous les jobs, il faut du temps pour faire le tour de ses missions. Pour résumé : une formation marketing, éditoriale ou digitale puis un stage.»
VISIPLUS academy : Que pensez-vous des formations qui existent dans ce domaine ?
Guillaume Jouteux : « Je ne sais pas s’il existe véritablement une formation adaptée à ce type de poste. »
VISIPLUS academy : Quelles sont les évolutions actuelles de votre métier ? Comment voyez-vous poste dans 3 ans ?
Guillaume Jouteux : « Aujourd’hui, après une période où on a voulu automatiser l’ensemble des contenus via des algorithmes de recommandations ou des métadonnées, on est train de revenir en arrière en se disant que l’œil et la patte des humains sont essentiels. Ça permet de corriger, de calibrer, de gagner en qualité et en cohérence mais surtout de se différencier en étant capable de s’adapter à la cible visée. Faire du sur mesure c’est plus coûteux mais ça n’a rien à voir en termes de qualité et de rendu. Là c’est pareil. Le responsable éditorial est en quelque sorte un couturier qui garantit une mise en avant du programme réussie et harmonieuse. C’est ce qui va faire que de plus en plus, nous aurons besoin de responsable éditoriaux et de directeur artistique. Tout le monde est capable de faire… mais pas forcément au bon endroit ni de la bonne manière. A condition que nous en ayons les moyens. Car sans équipe, sans bon contenu, le travail éditorial devient impossible. Comme un créateur sans tissus de qualités et sans couturier pour organiser un défilé de mode. »
VISIPLUS academy : Pensez-vous que le digital a déjà un impact sur votre fonction ?
Guillaume Jouteux : «Le monde dans lequel on vit ne peut plus se passer du digital. Ça n’enlève rien à ma fonction. Au contraire ça ajoute un nouveau support et de nouvelles contraintes qui y sont désormais associées. Pour exemple, une affiche de film que l’on met en avant sur du digital nécessite contractuellement davantage d’autorisations des ayant-droits que sur du print. Parce que le support print est cantonné à un territoire et à une utilisation précise. Avec le digital, on agrandit les possibilités de visibilité, sans maîtriser toujours les limites de son utilisation ou de sa réutilisation.»
VISIPLUS academy : Quels seront les leviers et les enjeux de cette transformation selon vous ?
Guillaume Jouteux : « Bien maîtriser la manière dont on utilise le digital pour maîtriser et garantir la cohérence éditoriale des contenus. Evitez de tomber dans le tout dire et n’importe comment. Et réfléchir aux caractéristiques du digital. Est-ce que des formats de visuels sont plus adaptés que d’autres ? Est-ce qu’une « punchline » est toujours suffisante ? Est-ce que je capte l’attention avec une vidéo ? De combien de temps ? Comment se différencier des concurrents ? Est-ce que le référencement est le seul levier ? Voilà pour moi, les questions qu’il va falloir se poser pour faire en sorte que le digital devienne incontournable, générateur de business et capte l’attention des utilisateurs.»
VISIPLUS academy : Enfin, quels mots clés choisiriez-vous pour décrire votre métier ?
Guillaume Jouteux : «#Contenu #Qualité #Différenciation».
