Formation

Réforme de la formation professionnelle : véritable opportunité pour se former ou simple effet d’annonce ?

La dernière réforme de la formation professionnelle a été annoncée par Muriel Pénicaud le 5 mars dernier comme un véritable Big Bang, capable de résoudre tous les problèmes auxquels le marché du travail doit faire face : chômage de masse, obsolescence des compétences, difficultés à recruter certains profils, transformation digitale…

Pourtant, la plupart des français restent dubitatifs face à la formation professionnelle et à ce qu’elle peut réellement leur apporter. Alors simple effet d’annonce ou véritable opportunité, que nous réserve cette nouvelle réforme de la formation professionnelle ?

Introduction

A travers cette réforme, le gouvernement d’Emmanuel Macron souhaite avant tout réarmer les français, pour traverser les changements auxquels le marché de l’emploi est confronté, et les former pour aller vers de nouveaux métiers. Mais l’un des objectifs sous-jacents est aussi de rendre les salariés plus autonomes dans leur formation professionnelle en la rendant moins opaque et plus accessible. Cela va-t-il augmenter le nombre de salariés qui se forment chaque année ? Rien n’est sûr mais l’opportunité est bel et bien là et il serait dommage de s’en priver, d’autant plus face à un marché du travail de plus en plus mouvant.

Ce qu’en pensent les salariés français

Selon une étude Météojob de 2016, 56% des salariés français pensent qu’il est compliqué de faire une formation professionnelle.

Pire, selon une étude de l’Institut Montaigne, 57 % des Français se considèrent mal informés sur la formation professionnelle et plus d’un Français sur deux (55 %) estime que la formation qu’il a suivie ne répond que partiellement ou pas du tout à ses attentes.

Les multiples dispositifs existants (bilan de compétences, compte personnel de formation, compte personnel d’activité) sont peu connus et peu utilisés. Ce manque d’information nuit à la responsabilisation des salariés dans leur parcours professionnel et empêche même certains de la considérer comme une possibilité  à fort potentiel pour évoluer dans sa carrière ou même retrouver un emploi.

1Source image : institu-montaigne.com

Pourtant, c’est désormais un fait acquis pour 99 % des salariés : l’importance de se former tout au long de la vie professionnelle est pleinement entrée dans les mentalités, indépendamment de l’âge et de la catégorie socio-professionnelle (CSP).

Les français, prêts à s’investir dans leur formation professionnelle

Selon le baromètre du Cegos, 27 % des salariés se disent prêts à financer eux-mêmes une partie des coûts d’une formation (+3 pts vs. 2016), et 64 % à effectuer, totalement ou partiellement, une formation en dehors de leur temps de travail (+13 pts vs. 2016). Sans surprise, les cadres et les moins de 35 ans sont les plus enclins à répondre favorablement sur ces deux volets.

Les salariés français sont donc pleinement conscients de l’importance de se former pour pouvoir évoluer dans leur carrière. Mais, ils sont également de plus en plus nombreux à souhaiter être maître de leur formation et à l’envisager de façon plus individuelle.

Des inégalités existent face à la formation

Si, toujours selon une étude de l’Institut Montaigne, 59 % des actifs français déclarent avoir déjà suivi une ou plusieurs formations durant leur carrière, il semblerait que ce chiffre concerne quasi principalement les cadres et les professions intermédiaires. En effet, ils sont respectivement 71 % et 64 % à avoir eu accès à la formation quand les employés et les ouvriers ne sont que 45 % et 39 %. L’accès à la formation n’est pas, encore, réservé à tout le monde et les plus qualifiés restent aussi les plus formés.

Mais les inégalités face à la formation professionnelle concernent aussi la taille de l’entreprise. Si le taux d’accès à la formation est de 15,6 % pour les petites PME (de 10 à 19 salariés), il atteint 49,8 % pour les ETI (250 à 1 999 salariés) et 55,9 % pour les grandes entreprises (plus de 2 000 salariés).

Une énième réforme ?

2005, 2014, 2018, la formation professionnelle a subi de nombreuses réformes avec parfois des nouveautés qui n’en étaient pas vraiment et l’apparition d’acronymes qui ont surtout eu pour principal effet de continuer à brouiller la compréhension de tous.

En 2004, une réforme de la formation professionnelle avait déjà vu le jour, donnant naissance au DIF (le Droit Individuel à la Formation). Puis en 2015, le CFP (Congés Formation Professionnelle) prenait la suite pour amorcer cette prise d’autonomie du salarié face à sa formation professionnelle. Grâce à cette réforme, il avait en effet acquis le droit de ne plus avoir à demander l’autorisation ou la validation de son entreprise pour utiliser son nombre d’heures de formations.

Très peu de chiffres existent à propos de la corrélation entre la formation, la sortie du chômage ou l’évolution de carrière et il est donc difficile d’en tirer de véritables enseignements. Pourtant, la dernière réforme de 2014 aurait su prouver son intérêt. On sait par exemple qu’en 2017, le CPF (Compte Personnel de Formation) a franchi la barre du million de formations validées. De plus, selon un baromètre du Cegos publié en octobre 2017, la réforme de 2014 bénéficie d’une perception globalement positive.

Mais alors concrètement, que va permettre cette nouvelle réforme ?

Avec cette nouvelle réforme, dès le 1er janvier 2019, le compte CPF ne sera plus alimenté par un crédit d’heures de formation, mais par un budget en euros à dépenser sur ces formations. Ce crédit en euros sera d’un montant de 500 € par an avec un plafond de 5000 € contre 800€ par an avec un plafond de 8000 € pour les travailleurs les moins qualifiés

Grande nouveauté également, les travailleurs indépendants vont eux pouvoir profiter de ce Compte de Formation Professionnelle.

Ce qui va donc principalement changer, c’est la transparence, l’autonomie et la personnalisation.

L’idée est en effet de créer une liberté professionnelle pour les salariés par un compte personnel de formation facile d’accès, opérationnel et documenté. Plus facile d’accès grâce à une application mobile. Celle-ci doit voir le jour en 2019 et permettra à chaque salarié de visualiser ses droits, son solde de CPF mais aussi de s’inscrire directement depuis cette application après avoir consulté les avis des anciens participants.

Cette réforme va aussi permettre de proposer une approche plus personnalisée, centrée sur les personnes, leurs besoins et leurs projets. En effet, la personne passera dorénavant avant son statut.

L’objectif est aussi que chacun des salariés soit plus autonome face à sa formation professionnelle et qu’il ne soit plus uniquement dépendant de son entreprise. La formation professionnelle pourrait ainsi devenir une responsabilité individuelle. [JB1]

Pour mieux comprendre la réforme la formation professionnelle :

2Source image : 3xconsultants.com

 Les opportunités pour les salariés

Nous l’avons dit, l’une des mesures de la réforme de la formation professionnelle est de rendre plus transparent l’accès à la formation avec notamment la création pour tous d’un Compte Personnel de Formation.

Plus d’accompagnement individuel ?

Mais d’autres mesures avaient déjà été mises en place en 2014 pour les salariés qui souhaitaient profiter d’opportunités liées à la formation professionnelle.

Déjà à l’époque de la seconde réforme, on avait souhaité être plus efficace et suivre une logique d’individualisation. Il avait donc été décidé que la formation professionnelle serait accompagnée de conseils personnalisés, d’informations en matière d’orientation et, si nécessaire, d’une aide à la construction d’un projet professionnel.

Le CEP (Conseil en Évolution Professionnelle), créé en 2014, devait procéder de cette logique. Seulement, faute de financement spécifique, mal connu et réservé uniquement à cinq réseaux ou opérateurs nationaux définis par le code du travail (Pôle emploi, Cap Emploi, APEC, les missions locales et les Fongécif), il est un échec total dans son format actuel.

Le budget serait donc le nerf de la guerre dans cette quête de l’amélioration de la formation professionnelle. Et bonne nouvelle, cette nouvelle réforme a pris en compte cette nécessite.

Le budget alloué par les partenaires sociaux passerait donc de 700 à 800 millions d’euros par an à la formation à 1.5 milliard d’euros par an. Une hausse indispensable surtout quand on sait que le Gouvernement a aussi fixé aux organismes de formation des objectifs élevés comme celui de former un million de demandeurs d’emploi de longue durée et un million de jeunes sans qualification.

Plus simple grâce aux nouvelles technologies ?

Alors qu’en 2016, seuls 34 % des salariés français ont bénéficié d’une formation en ligne ou à distance, (contre 62 % au Royaume-Uni) on peut se demander si la formation professionnelle profite réellement du numérique. D’ailleurs, le taux d’usage du numérique dans le domaine de la formation professionnelle en France est l’un des plus bas si on le compare à l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou le Portugal.

Les outils numériques présentent pourtant des avantages indéniables : accès facilité à la formation professionnelle, possibilité de développer des offres sur mesure adaptées aux besoins individuels, intérêt économique pour les organismes de formation, etc.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les MOOC et autres cours en ligne se développent de plus en plus et que les français s’y intéressent de près.

Plus qualitatives et performantes ?

Entré en vigueur en 2017, le décret qualité des formations a notamment pour objectif de s’assurer de la qualité et de la pertinence des formations.

C’est d’ailleurs l’objectif du décret qualité des formations, entré en vigueur en 2017. Car s’il est très difficile de suivre l’évolution – ou non – de carrière des individus ayant suivi une formation, des comptes vont être demandés aux organismes de formation pour tenter, une fois encore, de rendre moins opaque cet aspect-là de la formation professionnelle.

De même, il n’existe pas aujourd’hui de système d’évaluation et de certification des formations indépendant, comme il en existe en Allemagne par exemple. Les salariés n’ont dès lors aucun moyen de s’assurer de la qualité des formations offertes sur le marché.

Acquérir de nouvelles compétences, développer son employabilité ou même obtenir de la reconnaissance et de la légitimité sont autant d’arguments pour suivre un cycle certifiant. La réforme de la formation professionnelle place l’individu au centre des choix de formation et elle va sans aucun doute renforcer la place des dispositifs certifiant dans le choix des formations professionnelles.

Conclusion

Même s’il est bien sûr beaucoup trop tôt pour juger de l’efficacité de cette nouvelle réforme de la formation professionnelle, elle devrait offrir de belles opportunités à celles et ceux qui souhaitent en profiter. Nul doute que la plupart des français y sont près puisque rappelons que 99 % des salariés considèrent qu’il est important de se former tout au long de la vie professionnelle.

La réforme devrait quoi qu’il en soit apporter plus de transparence et devrait donc permettre, à priori, de mieux pointer du doigts les éventuels dysfonctionnements qui pourrait persister.

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