Dans le cadre de la réalisation du Guide des métiers du marketing et de communication VISIPLUS academy, nous avons une nouvelle fois donné la parole aux professionnels. Notre objectif ? Donner une vision à la fois globale et précise de chaque métier du secteur.
Immersion le monde des Chefs de marque avec Cedrick Lohou, chef de marque pour Warner Music Group.
VISIPLUS academy : Pourriez-vous présenter et revenir brièvement sur votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans votre poste actuel ?
Cedrick Lohou : « Après un parcours scolaire que je qualifierai d’atypique, je débute en 2004 par un premier stage en maison de disques, chez Wagram Music en tant qu’assistant artistique.
J’ai ensuite l’opportunité de faire un deuxième stage dans une autre maison de disques, V2 Music (Virgin 2) pour m’occuper de la promotion Internet. J’ai la chance d’être au bon endroit, au bon moment, puisque 2004 marque l’explosion des sonneries musicales sur les téléphones et l’arrivée des premières plateformes de téléchargement comme iTunes et d’autres. Je me retrouve donc à gérer toutes ces plateformes et commence à établir mes premiers plans marketing sur le tas.
En 2006 je suis recruté par le label RCA chez Sony Music pour m’occuper de la promotion et du marketing web et mobile.
Je quitte Sony Music début 2012 et je rejoins Warner Music en février de la même année pour la réouverture du label East West en France. Je m’occupe de toute la stratégie digitale du label et de ses artistes.
Je change de poste début 2014 et devient Brand Manager dans le label Warner.
J’ai commencé une nouvelle aventure en janvier 2016, toujours chez Warner Music, mais dans une nouvelle structure ‘In Fact’, rattachée au label Warner dont l’objectif est de travailler essentiellement sur de jeunes talents.
Depuis le début de ma (encore courte) carrière, j’ai travaillé avec des artistes ou des projets aussi variés qu’AC/DC, Laurent Voulzy, Beyoncé , Rohff, Les Enfoirés, Patrick Fiori, Usher, Patrick Bruel, Dido…
Ce qui m’a attiré dans mon poste actuel : J’aime la (relative) liberté que ce poste m’accorde et la diversité des missions à effectuer : définir la stratégie globale avec l’artiste, son équipe et la nôtre, choisir les différents prestataires (photographe, graphiste, journaliste pour la biographie, réalisateur pour les clips, styliste…) tout en respectant un budget et des timings qui sont généralement très serrés.
J’aime être au centre de l’action, ne pas être toujours derrière mon bureau, essayer au maximum de sortir du « cadre » que notre secteur impose parfois. En bref, j’aime être le véritable chef d’orchestre d’un projet que l’on m’a confié pour l’amener le plus haut possible.»
VISIPLUS academy : Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
Cedrick Lohou: «Je dirai dans le désordre la réactivité, la communication, le sens du relationnel et de la négociation (travailler sur l’humain n’est pas toujours évident car le perso n’est jamais très loin du pro), savoir gérer son stress, être patient, l’adaptabilité, la créativité, l’autonomie, la rigueur et la ténacité.»
VISIPLUS academy : Quelles sont les différentes missions liées à votre travail ? Comment se déroule une journée type ?
Cedrick Lohou: «Mon travail débute avant même la signature d’un artiste puisque je suis consulté pour donner mon avis sur la partie artistique et je participe aux négociations liées aux contrats.
Une fois la signature effectuée, je défini la stratégie globale avec le directeur artistique, la direction du label, le directeur marketing, et bien sur le manager et l’artiste.
Je présente ensuite le projet à notre équipe promotion qui va travailler celui-ci auprès de l’ensemble des médias.
Je présente également le projet au service commercial.
Je travaille aussi avec le département fabrication pour la création de l’album en format physique et de la livraison des différents éléments pour le digital (clip, audio, pochettes, métadonnées…)
Toujours en accord avec la stratégie et l’image de l’artiste, je choisis et gère les différents prestataires avec lesquels nous allons travailler sur un projet : photographe, graphiste, réalisateur, styliste, community manager etc.). »
VISIPLUS academy : Que préférez-vous dans ce métier ?
Cedrick Lohou: «J’aime beaucoup les rencontres que nous permet de faire ce métier. J’aime tester, essayer en permanence, et ce métier nous permet de le faire parce la musique n’est pas une science exacte.
J’aime aussi certainement ce qui est le plus difficile à faire dans notre métier, c’est allier la créativité à la rigueur, c’est-à-dire établir, conserver et tenir sur la durée la ligne directrice que nous avons fixés au départ sur un projet.
Pour finir j’aime beaucoup être un peu « couteau suisse » et ne pas me contenter de faire ce que l’intitulé de mon poste impose.»
VISIPLUS academy : Quelles sont les évolutions professionnelles possibles selon vous ? Est-il possible d’évoluer vers d’autres métiers ? Lesquels ?
Cedrick Lohou: «Il est possible d’évoluer vers un poste de directeur marketing.Il est tout à fait possible aussi d’évoluer dans d’autres secteurs et d’autres métiers comme la publicité, la communication, l’évènementiel et/ou pour ma part parce que j’en viens, le digital.»
VISIPLUS academy : Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui voudraient accéder ce type de fonction ?
Cedrick Lohou: « Le parcours classique pour être chef de projet ou Brand Manager, que ce soit dans la musique ou ailleurs est de passer par une école de commerce, un niveau Master est souvent demandé. Il est bien sûr essentiel aujourd’hui de se spécialiser en digital. »
VISIPLUS academy : Pensez-vous que le digital a déjà un impact sur votre fonction ? Va en avoir de toutes les manières ?
Cedrick Lohou: «Complètement et depuis pas mal de temps déjà puisque c’est ma fonction initiale. Le chef de projet ou Brand Manager doit impérativement aujourd’hui avoir une très bonne connaissance du digital. A mon sens le digital ne s’apprend pas vraiment, même s’il y a bien sûr certains fondamentaux à maitriser, je pense qu’il faut avant tout être passionné et le pratiquer au quotidien.»